Clic Santé fait la promotion du privé
Si vous cherchez à prendre rendez-vous avec un médecin sur Clic Santé, il y a de bonnes chances que la plateforme vous dirige vers une clinique privée, malgré les 17 millions $ en argent public investis pour la développer.
« C’est une plateforme qui a été financée par l’État – même si elle a été développée par des promoteurs privés – et qui met de l’avant, sur un même pied d’égalité, les services privés et publics », déplore la Dre Camille Pelletier-Vernooy, du regroupement Médecins québécois pour le régime public.
En effet, le site web développé par l’entreprise Trimoz Technologies offre une panoplie de services au même endroit, qu’il s’agisse d’un dépistage, d’un vaccin ou d’une consultation médicale.
Mais devant « l’effritement » des services publics, la Dre Pelletier-Vernooy s’inquiète de voir l’État québécois faire ainsi la promotion des services rémunérés, souvent plus rapides.
RISQUE DE DÉPENDANCE
Le PDG du Conseil pour la protection des malades partage ses inquiétudes. « S’il y a une place que le privé peut prendre, il va la prendre », résume Paul Brunet.
Selon la vérificatrice générale, le gouvernement québécois a investi au moins 17 millions $ pour développer Clic Santé.
En misant sur un seul fournisseur privé, Québec risque toutefois de voir ses coûts augmenter, devant l’absence de compétiteurs, notait Guylaine Leclerc.
À preuve, le coût par rendez-vous de vaccination pour le gouvernement sur Clic Santé a connu une augmentation de 89 % par rapport à la période prépandémique, illustrait-elle.
TRANSPARENCE
Le recours au privé nuit aussi à la transparence.
Trimoz Technologies a refusé de révéler au Journal quelle proportion des services sur sa plateforme est payante.
En 2021-2022, en pleine campagne de vaccination contre la pandémie, l’entreprise affirmait que cette proportion s’élevait à 5 %.