Le pays en deuil après le massacre
Au moins 137 personnes ont été tuées et plus de 180 personnes ont été blessées dans cette attaque
MOSCOU | (AFP) La Russie a observé hier une journée de deuil après le massacre dans une salle de concert près de Moscou qui a fait au moins 137 morts, l’attaque la plus meurtrière sur le sol européen revendiquée par le groupe jihadiste État islamique (EI).
Les autorités n’avaient toujours pas évoqué hier la responsabilité de ce groupe, citant à l’inverse une piste ukrainienne.
Les services de santé ont indiqué hier soir que le nombre de blessés avait été réévalué à 182, dont 101 étaient toujours hospitalisés.
Les enquêteurs ont continué de fouiller les décombres du bâtiment qui a été ravagé par un gigantesque incendie déclenché par les assaillants.
Vladimir Poutine, qui s’est exprimé une fois samedi, près de 24 heures après les faits, n’a pas fait de nouvelle déclaration, mais a allumé un cierge à la chapelle de sa résidence près de Moscou, selon son porte-parole, cité par les agences russes.
Les policiers ont en outre retrouvé quelque 500 balles, deux fusils d’assaut Kalachnikov et 28 chargeurs sur les lieux de la tragédie, précisant qu’ils appartenaient « aux assaillants ».
INCULPÉS POUR TERRORISME
Le Comité d’enquête a également diffusé une vidéo montrant des agents masqués et en treillis amenant au siège de cet organe les quatre tueurs présumés, arrêtés la veille. Les hommes ont les yeux bandés et sont forcés de marcher pliés en deux, les mains attachées dans le dos.
Selon les agences de presse russes, deux premiers suspects, inculpés pour « terrorisme » et encourant la prison à perpétuité, ont été amenés devant un tribunal de la capitale russe.
Le tribunal Basmanny a diffusé une vidéo montrant des policiers amenant les deux suspects menottés dans la salle d’audience, ainsi que des photographies des mêmes hommes assis dans la cage de verre réservée aux accusés.
L’un des deux suspects a un bandage à l’oreille, comme sur de précédentes vidéos de l’arrestation des suspects diffusées par les enquêteurs, où trois d’entre eux apparaissaient avec du sang sur le visage.
Aucune indication n’a été donnée quant au sort de sept autres personnes dont l’arrestation a été annoncée samedi, mais dont le rôle présumé dans l’attaque n’a pas été précisé.
COMBAT CONTRE LE GROUPE JIHADISTE
Le Comité d’enquête, un puissant organe d’investigation, n’a pas mentionné la revendication formulée dès vendredi par le groupe jihadiste État islamique.
Il n’a rien dit non plus hier de l’Ukraine, alors que Vladimir Poutine et ses services spéciaux (FSB) avaient évoqué cette piste, car, selon eux, les tueurs présumés tentaient de rejoindre le territoire ukrainien.
Cette attaque est la plus meurtrière en Russie depuis une vingtaine d’années, et la plus sanglante revendiquée par l’EI en Europe.
Le groupe jihadiste, que la Russie combat en Syrie et qui est actif dans le Caucase russe, a déjà commis des attentats de moindre ampleur dans le pays depuis la fin des années 2010.
« AUCUNE IMPLICATION UKRAINIENNE »
Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale à la Maison-Blanche, a estimé hier que l’EI portait « seule la responsabilité de cette attaque. Il n’y avait aucune implication ukrainienne ».
Hier, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a affirmé que le président russe « est un menteur pathologique ».
« Il tente maintenant de lier l’Ukraine ou des pays occidentaux au massacre de Moscou, sans aucune preuve […] Son but est de motiver les Russes pour mourir dans leur guerre insensée et criminelle contre l’Ukraine », a-t-il ajouté.