Le Journal de Montreal

Elle récupère son fils enlevé par son ex au Brésil

Une mère de famille de Lévis a remué ciel et terre pendant un an et demi pour retrouver son enfant

- JÉRÉMY BERNIER

Une mère de famille qui demeure à Lévis a remué ciel et terre avant de pouvoir enfin récupérer son fils, un an et demi après son enlèvement par son ex-conjoint au Brésil.

Originaire de São Paulo, au Brésil, Erika Borges a immigré au Québec avec son conjoint et son fils, João, en avril 2015 dans le but d’avoir une meilleure vie.

Mais la chimie du couple s’est rapidement détériorée, le poussant à une séparation en 2020.

Malgré tout, les années qui ont suivi se sont déroulées dans le respect pour les ex-conjoints. C’est Mme Borges qui a obtenu la garde principale, à hauteur de 60 %.

Une proportion servant plus de ligne directrice que d’un barème strict à proprement parler.

Mais la relation saine qu’entretenai­ent les parents du garçon aujourd’hui âgé de 12 ans a volé en éclat en septembre 2022. Alors en voyage dans sa famille au Brésil, accompagné de son fils, l’ex-conjoint de Mme Borges a pris la décision de ne pas revenir au Québec.

« Il m’a dit qu’ils allaient être heureux là-bas, que c’était le choix de mon garçon… Ç’a été un choc, je n’y croyais pas ! » raconte la dame de 43 ans.

CONVENTION DE LA HAYE

Mme Borges s’est alors empressée de faire une plainte à la police de Lévis, qui a de son côté contacté la Sûreté du Québec pour amorcer une enquête. Mais c’est sa soeur, qui est avocate au Brésil, qui l’a mise au courant de la Convention de La Haye.

Il s’agit d’un traité internatio­nal visant à « protéger les enfants contre les effets nuisibles d’un déplacemen­t illicite » et à « établir des procédures en vue de garantir le retour immédiat de l’enfant ».

« On a contacté l’Autorité centrale du Québec, rempli des formulaire­s, tenté des médiations, entrepris des démarches judiciaire­s… C’était intense », soupire celle qui devait en plus s’occuper d’un bébé naissant au même moment.

Ce n’est qu’en février 2024, après un an et demi de démarches, que le juge Joaquim Alves Pinto, du 1er tribunal fédéral de Bauru, au Brésil, a finalement ordonné la restitutio­n de João à sa mère au Canada en « extrême urgence ».

« C’est vraiment gratifiant de voir des cas d’enfants enlevés au pays qui peuvent finalement rentrer chez eux », souligne l’avocat internatio­nal basé au Brésil Mauricio Ejchel, consulté par Le Journal pour mieux comprendre le jugement rédigé en portugais.

SENSIBILIS­ER LES GENS

Même si ce n’est pas ce qu’elle a vécu, Erika Borges affirme avoir entendu plusieurs histoires de femmes immigrante­s victimes de violence qui ont tenté de fuir le pays avec leur enfant.

C’est dans le but de les sensibilis­er aux conséquenc­es d’un tel geste qu’elle a décidé de raconter son histoire.

« Même si elles vivent un calvaire, ce n’est pas la solution. La Convention de La Haye les forcera toujours à ramener l’enfant parce que c’est un crime. Elles vont tout simplement perdre leur enfant », souligne-t-elle.

 ?? PHOTOS DIDIER DEBUSSCHÈR­E ?? Erika Borges en entretien avec Le Journal, le 1er mars. En mortaise, les deux enfants de Mme Borges : João, qui avait été emmené au Brésil par son père en 2022 et qu’elle a récemment retrouvé, et la petite Elisa, née d’une autre union. La mère de famille espère maintenant pouvoir obtenir la garde complète de son fils jusqu’à ce qu’il soit assez vieux pour prendre ses propres décisions sur son lieu de résidence.
PHOTOS DIDIER DEBUSSCHÈR­E Erika Borges en entretien avec Le Journal, le 1er mars. En mortaise, les deux enfants de Mme Borges : João, qui avait été emmené au Brésil par son père en 2022 et qu’elle a récemment retrouvé, et la petite Elisa, née d’une autre union. La mère de famille espère maintenant pouvoir obtenir la garde complète de son fils jusqu’à ce qu’il soit assez vieux pour prendre ses propres décisions sur son lieu de résidence.

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