Le Journal de Montreal

LA FORCE DE CARACTÈRE DE MIKAËL CLOUTIER

Le gardien de 18 ans raconte comment il a pu revenir au jeu un mois après avoir eu le cou coupé par un patin

- Jessica.lapinski@quebecorme­dia.com

Quand le joueur est tombé à la renverse devant lui, Mikaël Cloutier a tout de suite su ce qui se passait. Il en avait vu, sur le web, des vidéos de hockeyeurs perdant leur sang sur la glace, après avoir été atteints à la gorge par un patin.

Le jeune gardien des Dynamiques de Sainte-Foy se souvient qu’il n’a pas eu mal, malgré la lame du patin de son adversaire qui venait de défier toutes ses couches d’équipement pour lui lacérer sérieuseme­nt le cou.

« Mais j’ai eu beaucoup de stress », raconte le jeune homme originaire de L’Ancienne-Lorette.

Ça se comprend. Les blessures de ce type demeurent rares, mais elles marquent l’imaginaire.

En octobre dernier, Adam Johnson perdait la vie en Grande-Bretagne après avoir été coupé au cou par une lame de patin.

Et bien sûr, la scène qui montre Clint Malarchuk dans une mare de sang est encore gravée dans les esprits de bien des amateurs de hockey, même près de 40 ans plus tard.

Mais « les physios ont vraiment été bonnes, ajoute Mikaël. Elles ont tout de suite mis quelque chose sur mon cou pour stopper le saignement. »

REMISE SUR PIED RAPIDE

La physiothér­apeute Anne-Gabrielle Brideau a tout fait pour le calmer, explique aussi le gardien. Il le fallait, pour éviter qu’il ne perde trop de sang, les battements accélérés du coeur, causés par le stress, faisant en sorte d’accroître le saignement.

La rapidité d’exécution de la jeune femme de 24 ans, qui vient de terminer son baccalauré­at en physiothér­apie, a contribué à la remise sur pied rapide de Mikaël Cloutier.

« J’ai plus agi à titre de premier répondant que de physio ce jour-là, mentionne-t-elle. Ça fait partie du cursus de notre formation. C’est sûr que c’est une blessure rare, mais ça montre l’importance d’avoir des gens qui sont formés sur le bord des patinoires. »

Mikaël a dû passer sous le bistouri, certes, et une cicatrice de quelques pouces demeure légèrement visible sur le côté gauche de son cou.

Mais le soir même, il recevait dans sa chambre d’hôpital la visite du gérant de l’équipement des Dynamiques, Martin Bergeron. Et le lendemain, il était de retour à la maison.

« AVOIR LE COURAGE DE JOUER »

Quelque six semaines après le sérieux incident survenu au début d’un match de D1 collégial entre ses Dynamiques et les Rebelles du Cégep de Sorel-Tracy, le 3 février au PEPS de l’Université Laval, le moral de Mikaël « va bien ». « Je vais super bien ! » sourit-il.

Ce qui le préoccupai­t le plus quand Le Journal est allé à sa rencontre, la semaine dernière, c’est que son équipe venait de se faire éliminer en séries éliminatoi­res.

Avec lui devant le filet. Parce que oui, trois semaines après la blessure, Mikaël Cloutier était de retour sur la glace pour un entraîneme­nt. Et la semaine suivante, le 2 mars, il était en uniforme pour une rencontre des Dynamiques.

Mais tout cela ne s’est pas fait sans doute, explique-t-il. Dans les heures qui ont suivi sa blessure, il ne savait pas si cette dernière allait l’empêcher de jouer à nouveau au hockey.

« Et aussi, je ne savais pas si j’allais encore avoir le courage de jouer, poursuit-il, parce que ça peut arriver n’importe quand. »

UN RETOUR AU SOMMET

Il se souvient de la nervosité qui l’habitait en classe, à quelques heures de son premier entraîneme­nt avec l’équipe. Une fois sur glace, toutefois, il a rapidement retrouvé ses aises.

« Même que mon coach des gardiens m’a dit que ça ne paraissait pas que ça faisait trois semaines que je n’avais pas goalé ! dit-il. Après, ça allait comme avant et je n’avais plus de craintes. »

Mikaël Cloutier a non seulement repris là où il était avant sa blessure, mais il n’a aussi laissé passer que trois rondelles en deux matchs à son retour à la compétitio­n.

Le second, une défaite de 3 à 1 des Dynamiques, avait lieu au PEPS, sur cette glace qu’il avait dû quitter précipitam­ment un mois plus tôt, contre les Rebelles, cette équipe face à qui il s’était blessé.

Une performanc­e qui a valu à l’ancien du Blizzard du Séminaire Saint-François la troisième étoile de la semaine du RSEQ.

UN SOUTIEN PRÉCIEUX

Mais comment Mikaël est-il parvenu à revenir sur la glace si tôt et si bien après avoir subi pareille malchance, lui qui portait un équipement complet, avec un protecteur pour le cou ?

Son gérant d’équipement loue sa grande force de caractère. Le gardien, lui, préfère donner le mérite à ses coéquipier­s, qui l’ont encouragé et rassuré tout au long de sa convalesce­nce.

« Ils me disaient que c’est déjà rare que ça arrive une fois, alors deux, c’est presque impossible, souligne-til. C’est ce que je me répétais dans ma tête. Et aussi, ils me disaient qu’ils avaient besoin de moi, en forme, et ça m’a beaucoup aidé. »

« UNE EXPÉRIENCE DE VIE »

Si bien que maintenant que sa saison est terminée, Mikaël regarde déjà vers l’avenir. Choix de 10e tour des Voltigeurs de Drummondvi­lle en 2021, il espère participer cet été à un camp de la LHJMQ.

Et si ça ne marche pas, il reviendra avec grand plaisir chez les Dynamiques de Sainte-Foy. « J’ai vraiment aimé mon expérience. La chimie de l’équipe, les entraîneur­s, tout. C’est vraiment une belle place. »

Il a aussi revu Anne-Gabrielle Brideau depuis ce jour marquant où elle lui est rapidement venue en aide. Et bien sûr, il l’a remerciée.

« C’est une expérience de vie, reconnaît-il. Je vais toujours m’en souvenir, mais j’essaye vraiment de laisser ça de côté et de regarder vers l’avant. »

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