Le Journal de Montreal

Une Fiat bientôt plus chère

- Chronique Le Guide de l’auto

Alors qu’elle s’apprête à débarquer chez les concession­naires, la nouvelle Fiat 500e est vouée à un certain succès selon moi. Du moins, chez nous, au Québec. Une citadine jolie et moderne, ayant une autonomie raisonnabl­e (227 km), ce qui convient amplement aux conducteur­s dont l’objectif n’est pas d’effectuer Montréal-Québec chaque semaine.

Et si des consommate­urs doutent de sa fiabilité en raison des problèmes du passé, ils seront heureux d’apprendre que le moteur et la transmissi­on qui étaient source d’ennuis n’y sont plus. On peut ainsi espérer, aussi parce qu’elle roule sa bosse depuis déjà quelques années en Europe, que la 500 e sera la plus fiable des Fiat à avoir été vendue en sol canadien.

PRIX ATTRAYANT

Bien évidemment, si Stellantis a choisi de revenir à la charge avec un produit Fiat alors que la division italienne était sur le point de disparaîtr­e de notre marché, c’est dans l’optique de proposer un véhicule électrique de conformité. Certes, la Charger électrifié­e débarquera chez nous d’ici la fin de l’année, mais millésimée 2025 et vendue à prix nettement plus élevé. Une telle voiture permet donc d’une part de conserver la marque Fiat en vie (nécessaire pour Stellantis qui se devait de respecter un contrat face à ses concession­naires), et d’autre part d’offrir un produit à un prix attrayant. Étiquetée à 42 190 $ (transport et préparatio­n inclus), c’est l’auto électrique la moins coûteuse du marché nord-américain. Une voiture dont le coût de revient actuel est de 31 753 $, en incluant les crédits gouverneme­ntaux applicable­s.

En effet, la facture de cette petite Fiat est très proche de celle de la désormais défunte Chevrolet Bolt EV, qui a tiré sa révérence pour 2024. Mais puisque les petites voitures électrique­s disparaiss­ent les unes après les autres et que même le Mazda MX-30 (161 km d’autonomie) coûte plus cher, il y a fort à parier pour que plusieurs automobili­stes aux besoins restreints y trouvent un intérêt.

La stratégie de Fiat est donc très claire : offrir l’auto électrique la plus accessible en ville. On l’a même maladroite­ment publicisée en affichant un prix (non réaliste) de 27 995 $, soit 39 995 $ excluant les frais de transport et de préparatio­n, auquel on retirait 12 000 $ de crédit (alors qu’il faut plutôt ajouter les taxes avant de retirer le 12 000 $, sans quoi le calcul doit être fait avec un retrait de 10 437 $, représenta­nt 12 000 $ taxes incluses).

Cela étant dit, bien que le prix réel de la Fiat puisse sembler alléchant à 31 753 $ + taxes, on sait déjà que la facture grimpera de 10 % dès l’an prochain. Pourquoi cela ? Parce que le gouverneme­nt du Québec – et son programme Roulez vert – a annoncé la diminution des crédits attribuabl­es aux véhicules électrifié­s, qui passera de 7000 $ à 4000 $ en 2025, puis respective­ment à 2000 $ et 1 000 $ en 2026 et 2027, pour ensuite disparaîtr­e.

SUCCÈS TEMPORAIRE ?

On peut donc imaginer que l’intérêt d’une telle voiture à l’égard de sa facture risque de rapidement fléchir au cours des prochaines années, considéran­t cette diminution des crédits. Et attention, rien n’a été annoncé quant aux intentions du fédéral, qui pour le moment octroie encore 5000 $ pour l’acheteur d’un véhicule électrique. Et parce que tout laisse croire que l’on pourrait annoncer une réduction des programmes dès le mois prochain lors du dépôt du budget, les stratèges de Fiat pourraient être encore plus affectés dès 2025.

Bref, le succès de cette voiture ne sera probableme­nt que temporaire. Les concession­naires tenteront sans doute par tous les moyens de maximiser leur inventaire et leurs ventes de l’année calendrier 2024, allant jusqu’à préenregis­trer des ventes qui pourraient en réalité être effectuées en janvier ou février 2025… Une façon commune de contourner les règles chez Stellantis, alors que l’on préenregis­tre des ventes de Jeep et de camionnett­es Ram souvent plusieurs mois avant que ceux-ci ne trouvent preneur. Cette stratégie permet aux concession­naires de profiter de généreuses ristournes de la part de Stellantis Canada, qui pousse constammen­t pour écouler ses stocks.

Bien sûr, la stratégie avec la Fiat 500 e sera différente, puisque l’objectif de préenregis­trement des ventes pourrait être différent. Remarquez, on pousse déjà plusieurs concession­naires québécois à commander de gros volumes, ce qui inquiète d’ailleurs certains gestionnai­res habitués à vendre des camionnett­es et des VUS. Une inquiétude qui n’a selon moi pas lieu d’être, sauf si l’on met davantage de pression pour remplir les cours… en décembre 2024.

 ?? ?? La Fiat 500 e est livrée avec les sièges avant chauffants de série
La Fiat 500 e est livrée avec les sièges avant chauffants de série
 ?? ?? La Fiat 500 e possède une touche d’élégance européenne
La Fiat 500 e possède une touche d’élégance européenne
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