Le Journal de Montreal

Un cargo en détresse détruit un pont à Baltimore

Un SOS lancé avant la collision aurait permis de sauver plusieurs vies

- FRANCIS PILON

Les secouriste­s ont remué ciel et terre, dans la ville américaine de Baltimore, pour retrouver des personnes englouties dans l’effondreme­nt spectacula­ire d’un pont percuté par un porte-conteneurs en détresse hier matin, sans succès.

« Le pont tout entier vient de s’effondrer ! Démarrez, démarrez, n’importe qui... tout le monde ! » lance un opérateur sur les radios de secours locales, peu avant 1 h 30 du matin, dans un enregistre­ment audio rendu public.

Il venait tout juste d’apprendre que le pont Francis Scott Key, qui est long de 2,6 km et situé au sud-ouest de Baltimore, s’était écroulé après avoir été frappé par un porte-conteneurs baptisé Dali.

Une vaste opération de secours par air, sur terre, en mer et même sous l’eau a été déployée dans cette ville de l’État du Maryland, sur la Côte-Est américaine, pour retrouver des disparus. Six travailleu­rs, qui réparaient des nids-de-poule sur le pont au moment du drame, manquaient toujours à l’appel hier soir.

PRÉSUMÉS MORTS

Ils sont originaire­s d’El Salvador, du Guatemala, du Honduras et du Mexico, a rapporté le média local The Baltimore Banner.

L’une de ces présumées victimes serait Miguel Luna, 49 ans, père de six enfants originaire d’El Salvador, selon ce que son épouse a rapporté.

Deux Guatémaltè­ques de 26 et 35 ans figurent aussi parmi les disparus, a confirmé hier soir le ministère des Affaires étrangères du Guatemala par voie de communiqué.

« Les corps des ouvriers n’ont pas encore été retrouvés, mais on présume qu’ils sont morts en raison de la profondeur de l’eau et du temps qui s’est écoulé depuis l’accident », a expliqué Jeffrey Pritzker, vice-président directeur de Brawner Builders.

« Je suis très triste. Que Dieu fasse qu’ils soient encore vivants, je ne sais comment le dire, mon coeur est serré. Ce sont des êtres humains et mes camarades de travail », a confié Jesus Campos, un ouvrier du chantier sur le pont, toujours sans nouvelles de plusieurs de ses collègues.

DEUX RESCAPÉS

Seuls deux rescapés ont été retrouvés après la collision, selon les autorités. Une personne a été transporté­e à l’hôpital dans un état grave, tandis qu’une deuxième est sortie miraculeus­ement indemne de l’accident, selon le Washington Post .Des

bateaux, des hélicoptèr­es, des plongeurs et un sonar avaient été déployés toute la journée pour tenter de retrouver les autres survivants.

La Garde côtière américaine a toutefois mis fin hier soir à son opération de sauvetage, a rapporté CNN.

« Nous ne pensons pas pouvoir retrouver l'une de ces personnes encore en vie », a confirmé Shannon Gilreath, un contre-amiral.

La police de l'État du Maryland a, de son côté, retiré temporaire­ment ses plongeurs de l’eau en raison des mauvaises conditions météorolog­iques prévues la nuit dernière.

EN QUELQUES SECONDES

La quasi-totalité de l’infrastruc­ture s’est affaissée dans l’eau en quelques secondes, environ 15 mètres plus bas, entraînant des véhicules et leurs occupants dans sa chute. On ignorait hier soir si des conducteur­s sont restés coincés dans leur voiture qui serait tombée au moment de l’effondreme­nt du pont.

Les lumières du porte-conteneurs Dali ont commencé à clignoter environ une heure après le début de son voyage hier matin. Un pilote du port et son assistant ont signalé des problèmes de puissance et une perte de propulsion avant l'accident, selon ce qu’a rapporté le Wall Street Journal.

APPEL DE DÉTRESSE

L'équipage à bord du porte-conteneurs battant le pavillon de Singapour, qui n’a pas été blessé, a réussi à lancer un appel de détresse aux autorités environ deux minutes avant que le navire n'entre en collision avec le pont, selon la BBC.

Ce « SOS » du cargo qui appareilla­it pour le Sri Lanka a permis de réduire le trafic routier sur le pont autoroutie­r et de sauver des vies, a déclaré le gouverneur de l’État du Maryland.

« Ces gens sont des héros. Ils ont sauvé des vies la nuit dernière », a mentionné Wes Moore en point de presse.

Le navire se déplaçait à une vitesse « rapide » de huit noeuds, soit environ 15 km/h avec un pilote local aux commandes.

L'équipage d'origine indienne avait tenté, sans succès, de jeter l'ancre pour arrêter son porte-conteneurs alors qu'il était confronté à des problèmes électrique­s pour expliquer sa dérive.

TRAVAILLEU­RS ÉTRANGERS

Le maire de Baltimore, Brandon Scott, a évoqué « une tragédie inconcevab­le ». La police écarte la thèse d’un acte terroriste. Une enquête a tout de même été ouverte pour déterminer comment le choc causé par ce navire a pu détruire le pont métallique inauguré en 1977.

Plusieurs familles des ouvriers disparus attendaien­t des nouvelles, rapporte NBC News.

« Je suis dévastée. Dévastée parce que notre coeur est brisé, parce que nous ne savons pas encore comment ils ont été secourus. Nous attendons les nouvelles », a laissé tomber Marian Del Carmen Castellon, épouse de Miguel Luna.

 ?? PHOTO REUTERS ?? Le long pont Francis Scott Key de Baltimore était une perte totale, hier, après l’impact avec un porte-conteneurs en difficulté.
PHOTO REUTERS Le long pont Francis Scott Key de Baltimore était une perte totale, hier, après l’impact avec un porte-conteneurs en difficulté.
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada