Les pilotes n’ont rien à se reprocher
Une perte de maîtrise due à son système de propulsion pourrait davantage être causée par l’état du bateau
Les pilotes à bord du navire n’auraient rien à se reprocher, d’après des experts qui pointent plutôt du doigt l’état du navire.
« En 18 ans de carrière, je n’ai jamais vu [un accident comme] ça », assure le capitaine Simon Doré, président de la Corporation des pilotes du Bas-Saint-Laurent.
Sur certains cours d’eau américains, le capitaine laisse les commandes à un pilote maritime. Il s’agit d’une personne désignée qui connaît bien le secteur et servira de guide.
Et ce sont des experts du fleuve Patapsco qui étaient aux commandes du porte-conteneurs de Baltimore.
Or, leurs aptitudes ne seraient pas en cause dans cette affaire. Le navire a connu une perte de propulsion juste avant d’atteindre le pont routier. Des témoins ont d’ailleurs vu l’éclairage du porte-conteneurs s’éteindre et se rallumer à quelques reprises avant l’impact, témoignant d’une perte d’alimentation.
LE PIRE SCÉNARIO
« Une perte de machines, c’est probablement le pire scénario pour un pilote parce qu’il y a peu de contrôle », souligne le capitaine Pascal Desrochers, président de la Corporation des pilotes du SaintLaurent Central.
Les quelques mesures qui pouvaient être prises dans une telle situation, notamment l’utilisation de l’ancre pour ralentir le vaisseau et le lancement d’un appel de détresse, ont toutes été effectuées.
C’est ce qui a donné le temps aux autorités de fermer la circulation sur le pont dans les instants précédant l’impact.
« Ils semblent avoir tout fait ce qui était en leur pouvoir pour minimiser les conséquences », affirme M. Desrochers.
EN MAUVAIS ÉTAT ?
Simon Doré estime, pour sa part, qu’il y aurait des questions à se poser sur l’état du bateau impliqué.
Si le taux d’efficacité de pilotage sans accident s’élève à 99,8 % dans le fleuve Saint-Laurent, ce n’est pas seulement en raison de la formation des pilotes et de la configuration de nos ponts (voir autre texte), indique-t-il.
« Ici, l’état des navires est scruté à la loupe avant leur arrivée en eaux canadiennes », lance-t-il.
Depuis 2015, 27 inspections du Dali auraient été effectuées. Un problème de machines à propulsion a notamment été soulevé en juin 2023 et un autre dans ses « conditions structurelles » en novembre 2016. Mais la plus récente inspection du navire effectuée par la Garde côtière en septembre 2023, à New York, n’avait révélé aucune lacune.