Le sacrifice de nos garçons et le déni des néoféministes
Ce n’est pas vraiment une nouvelle, mais c’est un tabou, donc on en parle peu, et mal, et à bas bruit.
Je parle de la situation très inquiétante des garçons au Québec.
Résumons-la simplement : les garçons décrochent de l’école. Ils sont de moins en moins présents à l’université.
Ce qui veut dire qu’à moyen terme, ils seront déclassés économiquement, socialement et culturellement. Les mécanismes sociologiques et symboliques jouent contre eux. Tout cela était-il inévitable ? L’émancipation féminine, que tous célèbrent avec raison, était-elle inévitablement appelée à produire des dommages collatéraux masculins ?
MASCULINITÉ
Non. Au contraire. Mais certains ont cru qu’elle se payait du prix de la dévalorisation de l’homme, présenté comme le résidu d’un temps révolu, comme le déchet de la préhistoire de l’humanité, et cela dans un contexte de désindustrialisation déstabilisant les métiers masculins traditionnels. L’égalité a cédé le pas au discours revanchard.
Qui a vraiment oublié des publicités des années 2000, où les hommes étaient présentés comme des idiots ?
Et la situation s’est radicalisée ces dernières années.
Résumons cela : nous sommes contemporains d’une guerre idéologique menée contre la masculinité.
La masculinité est de plus en plus présentée comme la marque distinctive des brutes épaisses. On en est même venu, ces dernières années, à parler de masculinité toxique.
Le programme est connu : l’homme, pour se rééduquer, devrait se déconstruire. Il devrait renoncer à sa fonction protectrice, renoncer à l’esprit de compétition, renoncer aussi à la tentative d’accomplir de grands exploits. Tout cela est désormais dévalorisé. On veut y voir simplement le syndrome de celui qui veut prouver qu’il en a une grosse.
Les figures auxquelles il pouvait s’identifier étaient désormais frappées d’interdit : je parle du chevalier, du policier, du soldat, du mousquetaire, du grand professeur, de l’aventurier.
De même, la figure du père a été dévaluée. Il est désormais optionnel. Dans la confection des enfants, l’homme est réduit à une goutte de sperme vite éjectée, quand elle n’est pas tout simplement recueillie en laboratoire.
Le désir masculin lui-même est frappé d’interdit : on l’assimile à la culture du viol. L’homme qui veut séduire une femme est toujours suspecté d’être au seuil de l’agression. J’ajoute que s’il se contente d’être galant, en ouvrant la porte, ou pire encore, en payant l’addition, on l’accusera de reproduire des stéréotypes patriarcaux.
DÉCONSTRUCTION
Et désormais, on le destine à vivre dans un monde non genré, dans un monde non binaire, qui effacera les dernières traces de la virilité — sauf si elles sont associées aux communautés associées à la diversité. Alors, elles seront célébrées.
Et pourtant, pourtant, on continue de nier cette crise de la masculinité. On nous raconte le gros bobard d’un monde encore soumis à la domination masculine, d’un monde patriarcal, d’un monde à renverser, pour qu’advienne enfin le paradis de l’égalité.
On continue de s’imaginer l’Occident comme une tyrannie machiste. Cette fiction idéologique est entretenue par le discours universitaire néo-féministe dominant.
Nous marchons sur la tête et on veut nous faire croire que tout est normal.