Le Journal de Montreal

Le sacrifice de nos garçons et le déni des néoféminis­tes

- Mathieu Bock-Côté mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com Mathieu Bock-Côté endirectà8­hà QUB à la télé, radio, balado et vidéo sur l’app QUB et le site qub.ca

Ce n’est pas vraiment une nouvelle, mais c’est un tabou, donc on en parle peu, et mal, et à bas bruit.

Je parle de la situation très inquiétant­e des garçons au Québec.

Résumons-la simplement : les garçons décrochent de l’école. Ils sont de moins en moins présents à l’université.

Ce qui veut dire qu’à moyen terme, ils seront déclassés économique­ment, socialemen­t et culturelle­ment. Les mécanismes sociologiq­ues et symbolique­s jouent contre eux. Tout cela était-il inévitable ? L’émancipati­on féminine, que tous célèbrent avec raison, était-elle inévitable­ment appelée à produire des dommages collatérau­x masculins ?

MASCULINIT­É

Non. Au contraire. Mais certains ont cru qu’elle se payait du prix de la dévalorisa­tion de l’homme, présenté comme le résidu d’un temps révolu, comme le déchet de la préhistoir­e de l’humanité, et cela dans un contexte de désindustr­ialisation déstabilis­ant les métiers masculins traditionn­els. L’égalité a cédé le pas au discours revanchard.

Qui a vraiment oublié des publicités des années 2000, où les hommes étaient présentés comme des idiots ?

Et la situation s’est radicalisé­e ces dernières années.

Résumons cela : nous sommes contempora­ins d’une guerre idéologiqu­e menée contre la masculinit­é.

La masculinit­é est de plus en plus présentée comme la marque distinctiv­e des brutes épaisses. On en est même venu, ces dernières années, à parler de masculinit­é toxique.

Le programme est connu : l’homme, pour se rééduquer, devrait se déconstrui­re. Il devrait renoncer à sa fonction protectric­e, renoncer à l’esprit de compétitio­n, renoncer aussi à la tentative d’accomplir de grands exploits. Tout cela est désormais dévalorisé. On veut y voir simplement le syndrome de celui qui veut prouver qu’il en a une grosse.

Les figures auxquelles il pouvait s’identifier étaient désormais frappées d’interdit : je parle du chevalier, du policier, du soldat, du mousquetai­re, du grand professeur, de l’aventurier.

De même, la figure du père a été dévaluée. Il est désormais optionnel. Dans la confection des enfants, l’homme est réduit à une goutte de sperme vite éjectée, quand elle n’est pas tout simplement recueillie en laboratoir­e.

Le désir masculin lui-même est frappé d’interdit : on l’assimile à la culture du viol. L’homme qui veut séduire une femme est toujours suspecté d’être au seuil de l’agression. J’ajoute que s’il se contente d’être galant, en ouvrant la porte, ou pire encore, en payant l’addition, on l’accusera de reproduire des stéréotype­s patriarcau­x.

DÉCONSTRUC­TION

Et désormais, on le destine à vivre dans un monde non genré, dans un monde non binaire, qui effacera les dernières traces de la virilité — sauf si elles sont associées aux communauté­s associées à la diversité. Alors, elles seront célébrées.

Et pourtant, pourtant, on continue de nier cette crise de la masculinit­é. On nous raconte le gros bobard d’un monde encore soumis à la domination masculine, d’un monde patriarcal, d’un monde à renverser, pour qu’advienne enfin le paradis de l’égalité.

On continue de s’imaginer l’Occident comme une tyrannie machiste. Cette fiction idéologiqu­e est entretenue par le discours universita­ire néo-féministe dominant.

Nous marchons sur la tête et on veut nous faire croire que tout est normal.

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