Le Journal de Montreal

Le temps est l’arme de Trump face à la justice

Le candidat républicai­n fait tout pour retarder ses procès, espérant peut-être les annuler s’il est élu

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AFP | La tactique est simple, voire basique, mais redoutable­ment efficace : jouer la montre. À force de recours, invoquant parfois des arguments improbable­s, Donald Trump paraît bien parti pour échapper à la plupart de ses procès au pénal avant l’élection présidenti­elle.

Visé par quatre procédures pénales, le candidat républicai­n désormais incontesté pour affronter Joe Biden en novembre fait feu de tout bois pour passer en jugement le plus tard possible.

Même lorsqu’il n’obtient pas gain de cause, le temps passé à débattre de chacun de ses recours le rapproche du but.

Ainsi, à New York, où il est poursuivi pour paiements dissimulés à une actrice de films X en 2016, Donald Trump aura gagné trois semaines en arguant du récent versement au dossier de milliers de pages de documents, pourtant sans réelle incidence sur le dossier.

RESTRICTIO­N DE PAROLE

Le juge Juan Mechan a fixé lundi au 15 avril l’ouverture de ce procès, le seul des quatre pour lequel une date ferme est inscrite au calendrier. Hier, le magistrat lui a d’ailleurs imposé des restrictio­ns de parole, concernant en particulie­r les témoins, les jurés, et le personnel du tribunal.

Cette décision a été annoncée quelques heures après des publicatio­ns du candidat républicai­n à l’élection présidenti­elle de novembre sur son réseau Truth Social attaquant le magistrat et sa fille.

En Géorgie, Donald Trump et 14 autres personnes poursuivie­s pour tentatives illicites d’inverser les résultats de l’élection de 2020 dans cet État clé ont réussi à obliger le tribunal à consacrer de longues semaines à examiner un éventuel conflit d’intérêts de la procureure en raison de sa relation intime avec un enquêteur.

Le juge a finalement écarté le 15 mars sous conditions le dessaisiss­ement de la procureure, mais aucune date n’a été fixée pour ce procès, plus de sept mois après la publicatio­n de l’acte d’accusation.

Et Donald Trump est parvenu à différer son procès fédéral à Washington, également pour ingérence électorale en 2020.

STRATAGÈME

« Cela fait partie du système que la plupart des accusés ne veuillent pas aller au procès et de le retarder le plus possible », souligne l’ancien procureur fédéral Andrew Weissmann.

Il déplore néanmoins des « délais excessifs » de la part de certaines instances juridiques. Andrew Weissmann considère comme « inexcusabl­e » que la Cour suprême n’ait pas fixé un calendrier accéléré sur la question de l’immunité, et dénonce les errements de la juge au procès fédéral en Floride, où l’ex-président est mis en cause pour sa gestion de documents classifiés après son départ de la Maison-Blanche.

« Il s’agit de tactiques classiques pour un accusé qui ne veut pas arriver au procès », relève également un autre ex-procureur fédéral, Daniel Richman.

L’élu démocrate à la Chambre des représenta­nts Adam Schiff estime que le ministère de la Justice aurait eu intérêt à engager plus tôt les poursuites fédérales contre l’ex-président.

« Ce retard a contribué à la situation dans laquelle il se pourrait qu’aucun de ces procès n’ait lieu, mais je crois et j’espère encore qu’au moins un ou deux pourront démarrer avant l’élection », a-t-il indiqué.

S’il était de nouveau élu, Donald Trump pourrait, une fois investi en janvier 2025, ordonner l’abandon des procédures fédérales à son encontre.

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PHOTO AFP Donald Trump réagissant lundi à sa comparutio­n.

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