Le privé a pris sa place en santé : arrêtons l’hypocrisie
Québec solidaire qui semble accepter un rôle pour le privé en santé… je n’en croyais pas mes oreilles ! Vendredi dernier, leur porte-parole en santé, Vincent Marissal, a suggéré d’imposer une grille tarifaire aux cliniques privées pour éviter les abus.
Bien que je ne raffole pas de voir le gouvernement fixer les prix, je considère que l’idée de Québec solidaire a du mérite pour l’usager. D’ailleurs, le ministre a accueilli la proposition avec ouverture.
Il n’en demeure pas moins que le parti le plus à gauche du Québec fait des suggestions constructives pour améliorer la contribution des cliniques privées plutôt que d’y imposer une fin de non-recevoir idéologique.
Dans la dernière campagne, Gabriel Nadeau-Dubois peinait à justifier comment il se passerait de l’apport des cliniques privées pour réduire l’attente en chirurgie. Les retards accumulés pendant la pandémie ne sont pas résorbés, donc des milliers de patients attendent hors délai. Les cliniques privées pratiquent des milliers d’interventions chirurgicales, payées par la RAMQ, contribuant à cet effort pour vider les listes.
PARTENAIRE
Le privé est devenu un partenaire du réseau de la santé. Moi qui ai jadis osé suggérer de doter le Québec d’un système de santé mixte, public-privé, je suis sincèrement impressionné par l’évolution. Dans une époque pas si lointaine, il était tabou de mettre les deux mots (« privé » et « santé ») dans la même phrase.
Non seulement le privé a pris une place plus normale, mais la discussion est maintenant possible. On peut débattre des avantages et des inconvénients sans être muselé par un épouvantail du genre « médecine à deux vitesses ! » ou « santé à l’américaine ! ».
Entendons-nous : tout ce qui est privé n’est pas nécessairement bon. Il peut se trouver des inefficacités et des arnaques dans le privé. De la même façon, tout ce qui relève de l’État n’est pas mauvais. Il se fait des choses merveilleuses dans notre réseau de santé actuel.
Le but, c’est de trouver la complémentarité qui offrira au public les meilleurs soins dans les bons délais. La grande majorité des patients ne portent pas un regard idéologique sur la chose. Ils veulent être soignés, ils veulent être opérés, ils veulent être guéris, sans y perdre leur chemise.
PLEINE CONTRIBUTION
Malgré le rôle accru du privé, malgré le tabou disparu dans la société, nos gouvernements ne sont pas rendus à l’étape de parler ouvertement d’un système mixte, d’une complémentarité public-privé.
C’est comme s’il fallait se contenter de parler des cliniques privées comme d’un mal nécessaire. Comme s’il fallait les laisser rentrer par la porte arrière.
Dans l’état du réseau et des services, nous devrions avoir un débat ouvert sur la meilleure façon de faire. Le public en priorité, le privé en complément. Avec un but simple : faire que dans une année, il se fasse au Québec plus de visites médicales et plus d’interventions chirurgicales.
Car le but ultime, de grâce, c’est que nous ayons des services.