Le Journal de Montreal

Le privé a pris sa place en santé : arrêtons l’hypocrisie

- mario.dumont@quebecorme­dia.com

Québec solidaire qui semble accepter un rôle pour le privé en santé… je n’en croyais pas mes oreilles ! Vendredi dernier, leur porte-parole en santé, Vincent Marissal, a suggéré d’imposer une grille tarifaire aux cliniques privées pour éviter les abus.

Bien que je ne raffole pas de voir le gouverneme­nt fixer les prix, je considère que l’idée de Québec solidaire a du mérite pour l’usager. D’ailleurs, le ministre a accueilli la propositio­n avec ouverture.

Il n’en demeure pas moins que le parti le plus à gauche du Québec fait des suggestion­s constructi­ves pour améliorer la contributi­on des cliniques privées plutôt que d’y imposer une fin de non-recevoir idéologiqu­e.

Dans la dernière campagne, Gabriel Nadeau-Dubois peinait à justifier comment il se passerait de l’apport des cliniques privées pour réduire l’attente en chirurgie. Les retards accumulés pendant la pandémie ne sont pas résorbés, donc des milliers de patients attendent hors délai. Les cliniques privées pratiquent des milliers d’interventi­ons chirurgica­les, payées par la RAMQ, contribuan­t à cet effort pour vider les listes.

PARTENAIRE

Le privé est devenu un partenaire du réseau de la santé. Moi qui ai jadis osé suggérer de doter le Québec d’un système de santé mixte, public-privé, je suis sincèremen­t impression­né par l’évolution. Dans une époque pas si lointaine, il était tabou de mettre les deux mots (« privé » et « santé ») dans la même phrase.

Non seulement le privé a pris une place plus normale, mais la discussion est maintenant possible. On peut débattre des avantages et des inconvénie­nts sans être muselé par un épouvantai­l du genre « médecine à deux vitesses ! » ou « santé à l’américaine ! ».

Entendons-nous : tout ce qui est privé n’est pas nécessaire­ment bon. Il peut se trouver des inefficaci­tés et des arnaques dans le privé. De la même façon, tout ce qui relève de l’État n’est pas mauvais. Il se fait des choses merveilleu­ses dans notre réseau de santé actuel.

Le but, c’est de trouver la complément­arité qui offrira au public les meilleurs soins dans les bons délais. La grande majorité des patients ne portent pas un regard idéologiqu­e sur la chose. Ils veulent être soignés, ils veulent être opérés, ils veulent être guéris, sans y perdre leur chemise.

PLEINE CONTRIBUTI­ON

Malgré le rôle accru du privé, malgré le tabou disparu dans la société, nos gouverneme­nts ne sont pas rendus à l’étape de parler ouvertemen­t d’un système mixte, d’une complément­arité public-privé.

C’est comme s’il fallait se contenter de parler des cliniques privées comme d’un mal nécessaire. Comme s’il fallait les laisser rentrer par la porte arrière.

Dans l’état du réseau et des services, nous devrions avoir un débat ouvert sur la meilleure façon de faire. Le public en priorité, le privé en complément. Avec un but simple : faire que dans une année, il se fasse au Québec plus de visites médicales et plus d’interventi­ons chirurgica­les.

Car le but ultime, de grâce, c’est que nous ayons des services.

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Passé le tabou, le temps est venu de discuter de l’apport du privé en santé
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