Mourir à Rafah
Le premier ministre d’Israël, Benyamin Nétanyahou, a répété à maintes reprises qu’il entendait, coûte que coûte, occuper Rafah, située à la frontière entre Gaza et l’Égypte.
La ville a une population de 280 000 habitants. Mais quelque 1,5 million de Palestiniens – plus de la moitié de la population de Gaza –, dont environ la moitié sont des enfants, ont dû s’y réfugier sur ordre d’Israël pour y vivre dans des tentes. Il s’agit de la dernière ville de la bande de Gaza à ne pas être encore occupée par Israël.
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a averti Nétanyahou qu’il lui en coûterait beaucoup s’il attaquait Rafah : « Cela risque d’isoler davantage Israël dans le monde et de mettre en péril sa sécurité et sa réputation à long terme ». Et la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, a refusé d’exclure qu’Israël puisse subir des « conséquences » s’il commettait « l’erreur » d’envahir Rafah.
Nétanyahou a réagi en déclarant que si Washington restait opposé à son projet d’invasion de Rafah, Israël ferait cavalier seul.
Les spécialistes croient qu’Israël va lancer son attaque contre Rafah après la fin du ramadan, le 9 avril. Nous verrons alors s’il existe réellement une « ligne rouge » de Biden à ne pas franchir.
Le président fait face à une opposition grandissante au sein de son parti au sujet de son appui à Israël. La représentante démocrate Alexandria Ocasio-Cortez a déclaré qu’Israël avait mis Gaza au bord de la famine, affirmant que ça équivalait à un « début de génocide ». Six autres élus démocrates ont averti Biden que les restrictions imposées par Nétanyahou à l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza rendaient Israël inéligible à recevoir des armes américaines.
Israël dépend des États-Unis pour son approvisionnement en armes clés, comme des bombes et des roquettes à guidage électronique. Sans le soutien américain, Israël ne pourrait poursuivre sa guerre au rythme actuel.
QUE VA-T-IL SE PASSER MAINTENANT ?
Nétanyahou a déclaré à plusieurs reprises que son objectif était
d’anéantir le Hamas et d’occuper toute la bande de Gaza. Son avenir en dépend. Il ne s’intéresse pas à aucune forme de paix ou de compromis. Il espère qu’une victoire totale lui permettra d’échapper à la prison.
Israël a déclaré lundi à quatre pays européens que leur projet de reconnaître un État palestinien constituait une « prime au terrorisme ». L’Espagne a déclaré qu’au nom de la paix au Moyen-Orient, elle avait convenu avec l’Irlande, Malte et la Slovénie de prendre les premières mesures en vue de reconnaître le statut d’État aux territoires palestiniens occupés de Cisjordanie et de Gaza. D’autres pays pourraient bientôt suivre en Europe, en Amérique latine, en Afrique et en Asie.
ISRAËL DANS L’IMPASSE À GAZA
Malgré sa supériorité militaire écrasante, Israël n’a pas réussi à détruire le Hamas après six mois de guerre. Nétanyahou espère qu’en occupant Rafah, il pourra, enfin, réussir. Il n’est pourtant même pas parvenu à « pacifier » le reste de la bande de Gaza. Des combats se poursuivent même dans le nord de l’enclave : le Hamas parvient à attaquer le sud d’Israël avec des roquettes.
Plus de 32 000 Palestiniens ont été tués à Gaza. D’autres morts seraient toujours sous les décombres. Près de 75 000 ont été blessés, dont 70 % sont des femmes et des enfants. L’armée israélienne a déclaré qu’au moins 247 soldats avaient été tués depuis le début de l’invasion de Gaza. La guerre de Gaza a été déclenchée par un raid du Hamas dans le sud d’Israël qui a fait 1200 morts et durant lequel 253 civils ont été pris en otages. Quelque 130 d’entre eux sont encore prisonniers du Hamas.