Ne pas oublier que les campagnes électorales, ça compte
« À chaque jour suffit sa peine ». Depuis des mois qu’elle chute dans les sondages, on dirait le nouveau slogan de la Coalition avenir Québec. La dernière en date ne fait pas exception.
Selon la plus récente projection de Qc125, un agrégateur réputé de sondages, si des élections avaient lieu maintenant, la CAQ de François Legault serait réduite au 4e rang et à 11 députés seulement. Un véritable naufrage, quoi.
Le Parti Québécois de Paul St-Pierre Plamondon récolterait quant à lui une victoire majoritaire avec 69 élus. Une résurrection historique, quoi.
À deux ans et demi des élections, beaucoup d’eau coulera néanmoins sous les ponts. N’empêche que la dégringolade de la CAQ prend des airs de tendance lourde.
Pour tout gouvernement en deuxième mandat, une chute aussi marquée d’appuis devient un facteur déstabilisant. Au sein du conseil des ministres, si la CAQ ne redresse pas son navire, l’inquiétude est inévitable.
La possibilité que leur chef quitte le navire avant les élections risque aussi de favoriser la création de clans autour de candidats sentis à sa succession. Ce qui, au lieu de favoriser l’esprit de corps, créerait de nouvelles tensions internes.
Du même coup, on entend beaucoup dire que le PQ est « monté trop haut, trop vite, trop tôt » dans les sondages. Qu’en deux ans et demi, il aura le temps de repiquer du nez !
LA VRAIE RAISON
Pour l’illustrer, on cite l’exemple de Thomas Mulcair et du NPD. En 2015, les sondages les plaçaient au premier rang. Le soir des élections fédérales, le PLC de Justin Trudeau remportait pourtant la mise.
Or, si le NPD a raté le coche en 2015, ce n’est pas parce qu’il était « monté trop haut, trop vite, trop tôt » avant les élections.
C’est parce qu’il avait mené une mauvaise campagne et fait de mauvais choix pour sa plateforme pendant que le PLC avait mené une bonne campagne avec une plateforme audacieuse.
Cet exemple comme tant d’autres, et similaire à l’ADQ en 2008, nous rappelle que les campagnes électorales, ça compte. Pas toujours, mais souvent.
C’est pourquoi le chef péquiste n’a pas à s’inquiéter trop de « monter trop haut, trop vite, trop tôt ». À cheval donné, on ne regarde pas la bride…
SE PRÉPARER DÉJÀ
Ce dont il doit se préoccuper nettement plus est de se préparer déjà pour la campagne de l’automne 2026 sans sous-estimer son adversaire caquiste. Sans compter que beaucoup
d’autres éléments bougeront d’ici là.
Dans quel état seront les services publics ? Que la souveraineté monte ou non, l’insatisfaction envers la CAQ sera-t-elle encore assez forte pour nourrir en soi le goût d’un changement de gouvernement ?
François Legault partira-t-il, et si oui, qui le remplacera ? Qui sera chef du PLQ ? Québec solidaire aura-t-il appris de ses erreurs de la dernière campagne ? Éric Duhaime sera-t-il encore en politique québécoise ? Qui sera premier ministre du Canada : Justin Trudeau ou Pierre Poilievre ? Etc.
D’où l’importance pour le PQ et son chef, d’ici 2026, de plancher fort sur une plateforme apte à frapper l’imaginaire. Quelle vision présenteront-ils aux Québécois et sur quels principes reposera-t-elle ?
Avec à peine quatre députés, incluant le chef, la chasse aux candidates et candidats de qualité s’annonce tout aussi capitale pour sa prochaine campagne.
La morale de cette histoire ? Parce que les campagnes comptent, rien, pas même les plus beaux sondages du monde, ne saurait remplacer une préparation minutieuse. Après tout, on ne ressuscite pas avec des prières…