Desjardins « snobe » l’Indice Québec 30
Nul n’est prophète en son pays. À preuve, Desjardins préfère offrir aux Québécois un FNB indiciel canadien fabriqué en Allemagne au lieu d’un FNB basé sur l’indice québécois IQ30, lequel indice est constitué des 30 grandes sociétés canadiennes qui ont leur siège social au Québec.
Selon mon collègue Sylvain Larocque, Desjardins va prochainement lancer quatre fonds négociés en Bourse (FNB indiciels), dont un sur les actions canadiennes, un sur les actions américaines, un sur les actions internationales et un autre sur les marchés émergents.
Les FNB indiciels que Desjardins va mettre en marché sont confectionnés par la firme allemande Solactive.
Que Desjardins décide, enfin, d’emboîter le pas aux autres grandes banques canadiennes en offrant à ses millions de membres québécois des fonds indiciels… c’est en soi une bonne nouvelle.
Mais en tant que fleuron bancaire du Québec inc., Desjardins aurait dû privilégier la création d’un FNB basé sur l’indice IQ-30 de nos grandes sociétés cotées en Bourse. D’autant plus que cet indice n’a rien à envier aux autres indices canadiens.
IL Y A UN AN
Dans une chronique publiée il y a un an, j’avais suggéré à Guy Cormier, le grand patron de Desjardins, de créer un tel FNB axé sur l’Indice Québec 30 (IQ-30).
Il faut savoir que l’IQ-30 a fait ses preuves. Il a été créé en 2001 par l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC). Le suivi quotidien de l’indice est effectué par le CASIQ (Centre d’analyse et de suivi de l’Indice Québec), un organisme sans but lucratif mis sur pied à la suite d’un partenariat entre le département de Finance de l’Université de Sherbrooke et l’IREC.
Pour vous montrer à quel point l’IQ30 est bien rodé, c’est l’indice de référence qu’Épargne Placements Québec utilise pour calculer le rendement de ses obligations boursières, un produit d’épargne fort populaire.
Mais Desjardins ne veut rien savoir. Après avoir demandé les commentaires de M. Cormier sur ma proposition de créer un FNB sur l’indice IQ-30, voici la réponse que son porte-parole m’a fait suivre.
« Pour l’instant, il n’est pas envisagé de lancer un FNB, mais nous sommes toujours à l’affût afin d’offrir des véhicules de placements intéressants pour nos membres et clients et qui contribuent à l’économie québécoise. Desjardins offre déjà des solutions de placement qui permettent d’investir uniquement dans des titres québécois, qui ont l’avantage d’être diversifiés et équilibrés. Par exemple, le Fonds Desjardins Équilibré Québec créé en 1997 est un fonds mutuel qui investit dans les actions des grandes entreprises québécoises. Les titres doivent avoir leur siège social au Québec et leur centre décisionnel au Québec… »
Un an plus tard, Desjardins a fini par emboîter le pas aux autres grandes banques canadiennes en lançant sa série allemande de FNB indiciels.
Il faut savoir que l’IQ-30 a fait ses preuves.
POURTANT…
Sur la période de cinq ans au 31 décembre 2023, le rendement cumulatif du FNB indiciel d’actions canadiennes que Desjardins va distribuer s’élève à 59,7 %, comparativement à 59,3 % pour le populaire FNB Ishares S&P/ TSX, et 49,25 % pour le FNB CI Morningstar National Bank Québec.
Quel a été le rendement cumulatif de l’indice typiquement québécois IQ-30 ? Il est un brin supérieur, soit 59,8 %.
Comme quoi aucune institution bancaire ne devrait snober l’indice québécois, surtout pas Desjardins !