Juno : il est où le français, il est où ?
Un « Je t’aime » puis un « bonsoir » puis hommage bilingue à Karl Tremblay. Ce sont les seuls mots de français qu’on a entendus dimanche soir pendant le gala des prix Juno.
Or ce gala est censé honorer ce qu’il se fait de mieux en musique au Canada, pays où il y a encore (la dernière fois que j’ai vérifié) deux langues officielles.
On a entendu plus de langues autochtones que de français.
Pourquoi chaque fois qu’on célèbre la « diversité » dans ce pays, on parle du pendjabi ou de l’inuktitut, mais on écarte le français ?
ZE ENGLISH CANADA
Voici cinq éléments qui m’ont irritée lors de ce gala :
1 Pas une chanson n’a été chantée en français. Charlotte Cardin a chanté son succès Confetti en anglais. Élisapie a chanté en inuktitut. C’est toutte.
2 Quand Charlotte Cardin a remporté le Juno de meilleur album de l’année, elle a fait tout son discours de remerciement in English. Elle a seulement daigné balbutier un « je t’aime » pour son grand ami, Jason Brando. That’s it, that’s all !
3 Quand Nelly Furtado a présenté Charlotte, elle semblait bien excitée de dire que celle-ci vient de Montréal. Mais pas de danger qu’elle aurait dit un mot in French.
4 « This year, Quebec lost a legend. Someone that united us with his music and whose loss created a unanimous wave of love. Ton bout du chemin est arrivé beaucoup trop tôt, Karl, mais tu as semé tellement de poussières d’étoiles dans nos coeurs que tu n’arrêteras jamais de briller ». C’est avec ce discours bilingual qu’Alexandra Streliski a entamé son hommage à Karl Tremblay. Pourquoi n’a-t-elle pas fait son texte entièrement en français ? Le public n’aurait pas compris ?
Pourtant des présentateurs autochtones n’ont pas hésité une seconde à faire un discours unilingue dans leur langue d’origine. La personne que les Juno nous présente comme « l’infirmière praticienne bispirituelle et talentueuse artiste drag Anita Landback » et « le cofondateur et directeur général de la Wabanaki Two-Spirit Alliance John R Sylliboy » ont parlé entièrement en mi’kmaq et en abénakis. Si eux sont capables de se faire respecter en parlant leur langue sans compromis, pourquoi les francophones ne feraient pas de même ?
5 Alexandra Stréliski a joué la musique des Étoiles filantes, devant un mur de photos de Karl. Pas une parole. Mais Karl Tremblay était un interprète, pas un compositeur. Il parlait français et chantait en français, il ne parlait pas « piano ». Ça aurait écorché les oreilles du public d’entendre UNE SEULE chanson en français ?
6 La ministre du Patrimoine canadien Pascale St-Onge est venu présenter un prix et elle n’a prononcé qu’un seul mot en français : « Bonsoir ». That’s it, that’s all.
7 Lors des Juno, la ministre a annoncé un investissement de 32 millions de dollars, pour les deux prochaines années, dans le Fonds de la musique du Canada. Mais elle l’a annoncé in English only. Quoi, ça ne touche pas les artistes francophones, Madame la Ministre ?
8 Le prix Juno pour Album francophone de l’année, (remporté par les Cowboys Fringants pour leur disque en concert avec l’Orchestre symphonique de Montréal) a été remis le samedi, au pré-gala. Pourquoi pas le dimanche, au moment du VRAI gala ? Ce n’est pas assez important pour le Canada, les albums francophones ?