Le Journal de Montreal

Toujours aucune accusation criminelle contre Robert Miller et ses acolytes

- *Noms fictifs des femmes ayant témoigné dans le reportage de Radio-Canada.

Robert Miller est ce milliardai­re québécois qui aurait durant plusieurs années organisé un système d’exploitati­on sexuelle de mineures avec à son actif 47 victimes présumées.

L’affaire éclate en février 2023 à la suite d’une enquête de Radio-Canada.

Robert Miller aurait mis en place avec la complicité de sa garde rapprochée un système dont l’objectif était de recruter des mineures pour sa propre consommati­on sexuelle. Il leur donnait de l’argent et des cadeaux. Les événements se seraient déroulés de 1994 à 2006.

Dans le reportage, on apprend qu’un de ces hommes, Sam Joseph Abrams, avait pour tâches d’approuver la sélection des filles et de remettre les enveloppes d’argent aux victimes, tandis que Raymond Poulet les recrutait.

Aux dires de Jeanne*, une des victimes, Poulet recrutait des fugueuses d’un Centre jeunesse (ça ne vous rappelle rien ?). Elle soutient avoir elle-même recruté des filles et la plus jeune à sa connaissan­ce recrutée par Poulet devait avoir 14 ans.

Selon Julia*, une autre de ses victimes, Miller « les aimait jeunes, jeunes, jeunes ».

Dans mon livre à moi, si les faits sont prouvés (n’oublions pas que Miller nie les allégation­s), on serait en présence de proxénétis­me et d’exploitati­on sexuelle de mineur(e)s.

UN RÉSEAU DE JEUNES FILLES POUR DES HOMMES INFLUENTS ?

En septembre 2023, A. B., une des victimes présumées de Miller, intente une poursuite à la Cour supérieure contre cet individu, Future Electronic­s, National Criminal Investigat­ion Services Inc. (la fameuse entreprise de sécurité de Miller qui aurait été perquisiti­onnée en 2009 par l’escouade du SPVM chargée des enquêtes en exploitati­on sexuelle des mineurs), Me Stephen Angers, un avocat de Miller qui selon la procédure aurait été « engagé... dans le but de dissimuler les activités illégales de ce dernier », et Poulet. Ceux-ci nient aussi les allégation­s.

Selon les allégation­s de la poursuite, « Miller a mis sur pied un réseau complexe et structuré, coordonnan­t de multiples acteurs, de recrutemen­t de personnes mineures à des fins d’exploitati­on sexuelle ».

A. B. aurait été forcée et contrôlée par Poulet afin d’avoir des relations sexuelles avec plusieurs hommes chaque semaine durant plusieurs années.

PLUS ÇA CHANGE, PLUS C’EST PAREIL !

Des suites dans des hôtels de luxe, de l’Interconti­nental au Reine Élizabeth, un milieu de l’hôtellerie plutôt complaisan­t ; une enquête du SPVM amorcée en 2009 qui tourne en queue de poisson ; des victimes intimidées ou achetées ; un bureau du DPCP qui flanche sous la pression des avocats de Miller ; et j’en passe. On pourrait en réaliser un film.

Cependant, le plus incroyable dans cette saga, qui dure maintenant depuis février 2023, est le silence du DPCP et du SPVM. C’est tout de même incroyable que ce soient les victimes présumées qui doivent se battre au civil pour se faire entendre.

Avez-vous eu vent d’une nouvelle enquête du SPVM ? D’accusation­s portées par le DPCP ? Pourtant, on n’est vraiment pas en présence d’une situation où la preuve serait difficile à faire avec plus d’une quarantain­e de victimes ! Qui, soit dit en passant, ont des récits plutôt concordant­s.

Bien que Miller soit malade et vieux, faire l’économie de procès criminels est une victimisat­ion secondaire engendrée par les instances qui sont censées protéger les victimes.

Cette posture silencieus­e passe un très mauvais message aux victimes et ne contribue nullement à la dénonciati­on, mais à l’impunité de ceux qui ont l’argent et le pouvoir.

On serait en présence de proxénétis­me et d’exploitati­on sexuelle de mineur(e)s.

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