Le Journal de Montreal

Il est grand temps qu’Ottawa s’attaque aux frais bancaires

- Animateur et analyste politique philippe-vincent.foisy @quebecorme­dia.com

Dans le dossier du coût de la vie, le gouverneme­nt Trudeau a complèteme­nt négligé un groupe de gros joueurs qui s’en sont mis plein les poches au cours des dernières années : les banques.

Aujourd’hui, ces banques sont devenues un service aussi essentiel que l’épicerie.

On n’a pas le choix de les utiliser pour nos paies, notre logement et nos achats alors que les commerces utilisent de moins en moins d’argent comptant...

Le Journal est rempli d’histoires de citoyens aux prises avec des frais bancaires exorbitant­s !

Ça nous coûte cher ! Environ 250 $ par Canadien, selon un récent rapport, pour les frais de comptes mensuels, les frais de fonds insuffisan­ts et pour l’accès aux guichets automatiqu­es des banques concurrent­es...

Pensons-y : il faut payer pour avoir accès à notre propre argent, même si tout est numérique.

Ottawa devrait faire le ménage dans ces frais.

Un compte avec quelques transactio­ns gratuites devrait être un service essentiel.

Le gouverneme­nt peut aller plus loin !

Surtout que, comme nos collègues du Journal vous le racontaien­t récemment, la bombe hypothécai­re qui frappe de plein fouet les propriétai­res a permis aux banques d’engranger des profits faramineux.

LES CARTES DE CRÉDIT

En plus d’encadrer les taux d’intérêt très élevés sur les cartes de crédit, il pourrait aussi limiter les frais de gestion facturés par les grands émetteurs de cartes de crédit aux commerçant­s !

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendan­te affirme que ces frais oscillent entre 1,5 % et 4 % du total d’une facture.

De l’argent facturé à tous les consommate­urs qui étouffent les petits marchands !

Le gouverneme­nt aiderait grandement la population en encadrant mieux le travail des « conseiller­s financiers » dans les banques.

L’émission Marketplac­e de CBC a révélé les pratiques de ceux qu’on devrait appeler vendeurs de produits financiers. Ils n’aident souvent en rien leurs clients.

« Nous sommes ici pour faire de l’argent pour la banque », explique un « conseiller » de la Banque Scotia.

« Je devais tromper mes clients en leur vendant des produits dont ils n’avaient pas besoin », raconte un employé de la BMO.

Ces banques profitent de notre manque de connaissan­ce pour pousser des produits avec des frais de gestion trop élevés et des rendements faméliques...

Et sachez que chez Desjardins, la situation n’est pas toujours plus reluisante.

Un ex-employé m’a raconté des histoires similaires.

J’ai trouvé un fonds dit « prudent » dont les frais de gestion sont de 1,32 % alors que les rendements des 10 dernières années étaient de 1,1 %.

Le conseiller ne vous dira pas que c’est une belle façon « prudente » de perdre de l’argent !

Devant ces exemples, difficile de croire l’Associatio­n des banquiers canadiens, qui assure que « les exemples décrits ne reflètent pas l’expérience » des clients.

La journalist­e avait fait le même reportage il y a 7 ans !

CONCURRENC­E

Comme avec l’épicerie, la concurrenc­e est une clé... mais Ottawa a récemment autorisé la vente de la Banque HSBC à la RBC.

Un budget fédéral s’en vient, on verra si le gouverneme­nt tient vraiment au portefeuil­le des Canadiens.

Personne ne va pleurer sur le sort de ces banques qui ont encore encaissé des milliards de profits l’année dernière.

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