Le Journal de Montreal

Amis de droite, il est temps de déconstrui­re la bureaucrat­ie fédérale

On parle beaucoup depuis quelques heures de la croissance démesurée de l’État québécois sous la CAQ.

- Sociologue, auteur et chroniqueu­r

On a raison de le faire : l’extension immodérée de la fonction publique dans toutes les sociétés occidental­es est un vrai problème, d’autant que la croissance d’un État frappé d’obésité bureaucrat­ique morbide s’accompagne inévitable­ment d’une forme de braquage fiscal contre la classe moyenne, toujours plus taxée et imposée pour le financer.

ÉTAT-PROVIDENCE

J’ajoute que l’État-providence, en se substituan­t à la société civile et aux communauté­s, en est venu à exercer un monopole sur le lien social et à déresponsa­biliser les individus.

Chaque fois qu’un désir nouveau apparaît, l’État, poussé vers cela par mille lobbies, cherche à le transforme­r en besoin vital, puis en droit, et même en droit fondamenta­l qu’il doit financer. Il étend ainsi son emprise sur la société.

La droite, comme on l’appelle, a raison de chercher à limiter la croissance de l’État, même à le déconstrui­re.

Mais la droite québécoise a une originalit­é : elle tend à ne s’intéresser qu’aux excès de l’étatisme québécois, sans s’intéresser à ceux de l’étatisme canadien, pourtant bien plus grave.

Je dis bien plus grave, car il s’agit d’un étatisme qui vient dédoubler la fonction publique québécoise. La bureaucrat­ie fédérale n’est pas connectée aux besoins directs de la population, et plus souvent qu’autrement, a une fonction directemen­t idéologiqu­e.

J’ajoute que deux paliers de gouverneme­nt qui empiètent l’un sur l’autre sont appelés à se contredire d’une manière ou d’une autre, à se nuire, en fait, en plus de compliquer comme jamais le commun des mortels qui doit se perdre dans les dédales des bureaucrat­ies fédérale et provincial­e.

Comme l’a déjà dit Stéphane Gobeil, autrefois stratège souveraini­ste, aujourd’hui conseiller de François Legault, il y a un gouverneme­nt en trop, pour notre société, et c’est celui du Canada.

Si au moins il se contentait de ses fonctions traditionn­elles : mais non, il veut toujours empiéter sur les champs de compétence provincial­e.

Quant à moi, depuis que je m’intéresse à la politique, je dis qu’il y a trop d’États au Québec : il y en a deux.

Alors je reviens à mes amis de la droite de Québec : d’où vient votre peu d’ardeur à déconstrui­re la bureaucrat­ie fédérale ? Ne voyezvous pas que, structurel­lement, le Canada est une machine faite pour générer un surplus bureaucrat­ique ?

Ne comprenez-vous pas que l’indépendan­ce, structurel­lement, créerait un État moins lourd ?

OTTAWA

Il serait structurel­lement moins interventi­onniste pour une raison simple : un État enraciné dans un pays à l’identité culturelle forte a moins tendance à vouloir tout réglemente­r qu’un État postnation­al ou fédéral lointain, dont l’utilité ne va pas de soi, et qui doit sur-intervenir dans tous les domaines de la vie pour justifier son existence.

Je résume : la sur-bureaucrat­isation du Québec est directemen­t liée à son enfermemen­t dans un système fédéral asphyxiant.

J’invite mes amis de droite à y réfléchir un peu.

 ?? ??
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada