Le Journal de Montreal

S’épanouir comme être humain suppose d’être libre

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J’ai envie de vous montrer l’envers d’une médaille qui a l’apparence d’un esclavage, mais qui n’en est pas un pour moi.

Je suis le plus jeune d’une famille de trois dont les parents ont fait leur vie en milieu rural avec succès, surtout grâce à notre mère qui gérait les affaires de son couple et à qui mon père accordait la plus grande confiance au plan financier, puisque c’était un domaine qui ne l’intéressai­t pas.

Il est décédé subitement il y a quinze ans. Mis à part le plan émotif, puisque c’était lui qui mettait de la légèreté dans le quotidien, pour le reste, tout a continué comme avant, grâce aux talents en affaires de notre mère.

Mes deux frères sont partis faire leurs études, l’aîné à Montréal en administra­tion pour reprendre l’affaire de notre père, et celui du milieu à Québec en sciences. Pour ma part je me suis dirigé vers le monde littéraire. Je vis donc à cheval entre Québec où j’étudie et où ma mère a acheté un appartemen­t qu’elle partage avec moi, et notre résidence familiale où on va le week-end.

Vous voyez à quel point elle et moi sommes soudés. Elle, parce qu’elle me considère comme son bâton de vieillesse, et moi, parce que sans les fonds qu’elle me donne pour vivre et les deux toits qu’elle m’offre gratuiteme­nt, je ne pourrais jamais mener la vie que je mène. Je devrais travailler pour gagner de quoi vivre et j’aurais moins de temps à consacrer aux études.

Il y a des inconvénie­nts à cette proximité. Le principal étant que j’ai peu de liberté d’action, car elle gère ma vie comme du papier à musique. Mes amis se comptent sur les doigts d’une seule main, et j’ai mis une croix sur la vie à deux avec un conjoint, car elle ne supportera­it pas d’avoir à me partager.

Je sais que vous dites souvent qu’il faut couper le cordon ombilical pour devenir un adulte. Mes frères pensent comme vous d’ailleurs et m’incitent à me libérer de l’emprise de ma mère. Mais personnell­ement je n’en ressens pas le besoin. Comme quoi dans la vie, il n’y a pas qu’une seule voie à suivre. C’est ça que je voulais vous démontrer aujourd’hui.

Heureux quand même

Je ne nie pas que ça prend toute sorte de monde pour faire un monde, et que certains peuvent se sentir heureux en s’éloignant des sentiers habituels. Mais rien n’empêche que de couper le cordon ombilical s’avère quand même le moyen idéal pour acquérir sa liberté et construire sa vie personnell­e.

Restons ouverts à l’évolution de notre jeunesse

Je ne comprends plus ma petite fille et son comporteme­nt m’inquiète. Moi qui approche de mes 70 ans, je ne pensais jamais avoir à vivre dans une société où les filles, au lieu d’être fières de ce que les génération­s précédente­s ont accompli pour assurer leur émancipati­on, songent plutôt à se changer en hommes.

Imaginez-vous que ma petite fille de 20 ans se déclare en désaccord avec le corps dans lequel elle est née et veut en changer pour devenir un garçon. Le pire, c’est que ma fille et mon gendre, au lieu de la raisonner, lui laissent vivre sa folie en toute liberté. Mais où s’en va-t-on comme société Bon Dieu ?

Suis-je devenue sénile sans m’en rendre compte ?

Pas du tout sénile, mais peutêtre êtes-vous un peu dépassée par l’évolution récente de nos sociétés occidental­es influencée­s par cette idéologie de l’identité de genre qui s’expose ouvertemen­t sur les réseaux sociaux et qui semble désormais pulluler, avec comme conséquenc­e d’inciter certaines jeunes filles à fuir la féminité.

Mais comme les parents de cette enfant ont la bonne attitude avec elle, vous devriez vous en inspirer pour vous en rapprocher afin de comprendre ses raisons de vouloir changer de sexe, tout en l’aidant à réfléchir aux graves implicatio­ns d’un tel changement.

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