Victoire symbolique à Denver
On dit qu’une équipe se divise en trois groupes derrière son entraîneur. Un tiers se donne à lui à la vie, à la mort. Un tiers suit le peloton de tête tandis que le tiers restant est indifférent.
Or, on n’a pas l’impression qu’il en est ainsi chez le Canadien. En tout cas, ce qu’on a vu lors du match de mardi soir, à Denver, était beau à voir. Tous les joueurs, du premier au dernier, se sont serré les coudes pour offrir la victoire à Martin St-Louis pour son retour derrière le banc.
Quand Nathan MacKinnon a inscrit l’Avalanche du Colorado à la 43e seconde de jeu, on s’est dit que le Tricolore
allait en manger toute une, mais non. Neuf secondes plus tard, le capitaine Nick Suzuki montrait la voie en créant l’égalité.
Joel Armia a donné les devants au Tricolore avec un peu plus de six minutes à la première période. On ne le savait pas encore, mais la rencontre s’est décidée à ce moment-là.
L’ÉNERGIE DU DÉSESPOIR
Il n’était pas question pour les joueurs de la formation montréalaise d’échapper la victoire.
Ils n’ont pas eu la tâche facile, mais ils ont joué avec l’énergie du désespoir jusqu’à la dernière seconde.
Comme s’ils étaient dans la course aux séries.
Les joueurs étaient en mission pour leur entraîneur.
CULTURE EN PLACE
Cette victoire fort méritée avait quelque chose de symbolique. Elle représentait la culture que St-Louis a réussi à appliquer dans ses troupes depuis qu’il est en poste.
Pas question d’abandonner.
C’est ce qui lui a permis de connaître une grande carrière comme joueur.
L’homme carbure à la pression et il n’a pas changé dans le rôle d’entraîneur. C’est un principe ancré chez lui et à en juger par ce que ses joueurs nous montrent, c’est contagieux.
Oui, le Canadien va rater les séries pour une troisième année d’affilée sous la direction de St-Louis. Mais on connaît le contexte dans lequel il travaille.
En attendant que les jeunes développent leurs habiletés et que d’autres joueurs talentueux se greffent à l’équipe, il faut établir de bonnes habitudes de travail.
C’est un groupe dédié que l’on voit sur la patinoire. Ce n’est pas souvent parfait, mais les amateurs apprécient l’effort et la détermination que dégage St-Louis. Le message devra changer
Bien sûr, un jour viendra où les fans se lasseront et qu’ils en demanderont plus, beaucoup plus. Si les résultats espérés ne se matérialisent pas, ils exigeront des comptes et on sait ce que ça veut dire. Le sang coulera.
Au tournoi de golf de l’équipe, en septembre prochain, Geoff Molson, Jeff Gorton et Kent Hughes ne pourront pas se présenter devant les médias en disant qu’ils ne prononceront pas le mot commençant par la lettre P.
P pour « playoffs », en anglais, et S, en français, pour « séries ».
Il n’est pas dit que le CH prendra part aux séries l’an prochain, mais la direction de l’équipe devra modifier son message. Elle devra fixer des attentes et semer l’espoir chez ses partisans qui, jusqu’à maintenant, font montre d’une patience d’ange.
Une façon de faire serait notamment de prolonger le contrat de St-Louis, à qui il reste une saison à son entente actuelle. Il mériterait bien d’être encore en poste quand le gâteau lèvera.