Détecter les victimes
Les jeunes victimes d’intimidation en ligne vivent une grande détresse parce qu’ils ne voient pas comment ils peuvent se sortir de cette situation-là.
« Lorsque ces conflits entre jeunes dégénèrent, il peut y avoir du harcèlement, des menaces de mort, des invitations à se tuer. Avec la cyberintimidation, ça se poursuit tout le temps. Le soir, la nuit. Et on se rend compte que le contrôle parental n’est pas toujours là », dit Geneviève Lapierre, éducatrice spécialisée à l’Académie les Estacades, une école secondaire de Trois-Rivières.
Son principal défi : détecter rapidement les victimes lorsqu’elles sont à l’école.
« Souvent, ça va être par la détresse qu’on remarque chez nos jeunes que l’on connaît. Ils vont devenir plus tristes, plus méfiants, avoir les yeux dans l’eau. À la cloche ils vont partir pour essayer de croiser le moins de gens possible. Ils vont regarder en arrière dans les corridors. Ce sont tous des comportements de méfiance qui peuvent apparaître. »
À PRENDRE AU SÉRIEUX
La direction de l’Académie les Estacades prend très au sérieux l’intimidation en ligne, peu importe si elle a lieu sur les heures de cours ou à la maison.
Le directeur adjoint Jean-Pierre Veillette estime « qu’il faut intervenir parce que si on n’intervient pas, si on ne pose pas d’action, si on n’amène pas des solutions, c’est certain que ça va avoir des répercussions à l’école, sur la disponibilité de l’élève à suivre le cours, sa présence en classe et par le fait même ultimement sur les résultats académiques ».
L’agent Samuel Milot du service de police de Trois-Rivières effectue de la prévention à temps plein depuis quatre ans dans une dizaine d’écoles secondaires.
« Les jeunes évoluent dans un monde qui est différent du nôtre. Si tu leur dis : “Tu vis des situations difficiles sur les réseaux sociaux ? Abandonne ça, ferme tes comptes”. Ça ne fonctionne pas. C’est un peu considéré comme un suicide social dans le sens que pour ces jeuneslà c’est très important. »
UNE TROUSSE ANTI-TROLL
M. Milot a donc créé la trousse antitroll pour aider les jeunes victimes de harcèlement et d’intimidations en ligne.
« La plupart des jeunes ne vont pas parler de leur situation, de leur problème. La trousse est faite pour ceux qui gardent le silence. »
La trousse est disponible sur internet. Les victimes y retrouvent, entre autres, des conseils sur la manière de dénoncer, quoi faire par la suite, comment régler le problème avec l’intimidateur et les ressources pour aider les victimes.
Il y a aussi la liste des accusations criminelles qui peuvent être portées contre les auteurs de violence en ligne.