Le Journal de Montreal

L’UPAC reconnaît avoir causé du tort à deux enquêteurs

Une entente confidenti­elle vient d’être conclue après plus de six ans de litige

- JEAN-LOUIS FORTIN Bureau d’enquête

L’Unité permanente anticorrup­tion reconnaît avoir causé des torts à deux de ses anciens policiers chez qui elle avait mené des perquisiti­ons dans le cadre d’une chasse aux sources journalist­iques en 2017.

L’UPAC s’est récemment entendue hors cour avec ses ex-enquêteurs Stéphane Bonhomme et Richard Despaties, chez qui elle avait mené des perquisiti­ons le 25 octobre 2017.

Les deux policiers avaient été visés par la célèbre enquête interne Projet A, lancée par l’ex-patron de l’UPAC Robert Lafrenière pour découvrir qui, au sein de son organisati­on, aurait pu fournir à des journalist­es des informatio­ns sur des enquêtes en cours.

Ils n’ont jamais été accusés et poursuivai­ent l’État québécois pour plus de 2,5 M$.

En vertu de l’entente, l’UPAC a déposé sur son site web une brève déclaratio­n écrite de trois paragraphe­s, le 15 mars, qui était passée inaperçue jusqu’ici.

« Depuis les événements, des informatio­ns maintenant publiques soutiennen­t que l’enquête [Projet A] n’a pas été menée en tous points selon les règles de l’art », peut-on lire dans la courte missive.

« Cette enquête a eu des impacts regrettabl­es sur l’intégrité profession­nelle, la vie personnell­e de messieurs Bonhomme et Despaties et de leurs conjointes, mesdames Jodoin et Gougeon », conclut-on.

ENTENTE HORS COUR

La déclaratio­n « fait partie d’une entente hors cour avec les parties mentionnée­s », a indiqué hier le porte-parole de l’UPAC, Mathieu Galarneau, joint au téléphone.

« L’entente est confidenti­elle, donc on ne peut commenter davantage », a-t-il ajouté.

Le communiqué ne précise pas quels auraient pu être les manquement­s commis par ceux qui menaient le Projet A.

Toutefois, on sait que ces manquement­s allégués font l’objet d’une enquête criminelle du Bureau des enquêtes indépendan­tes (BEI) depuis maintenant 5 ans et demi, baptisée Serment.

Le projet Serment s’intéresse notamment à M. Lafrenière et à certains membres de sa garde rapprochée de l’époque, et n’a à ce jour débouché sur aucune accusation.

Les démarches du BEI se poursuiven­t toujours, selon nos informatio­ns. En octobre 2023, une compilatio­n de La Presse faisait état de coûts de 11 M$ liés à ce projet.

LE COMMISSAIR­E S’ÉTAIT EXCUSÉ

Une autre personne avait été visée par des perquisiti­ons, et même arrêtée le 25 octobre 2017. Il s’agit de l’ex-député de Chomedey Guy Ouellette, qui n’a lui non plus jamais été accusé.

M. Ouellette a également poursuivi l’État québécois, pour 550 000 $. Ses démarches se sont conclues par une entente confidenti­elle en juin 2021. À cette occasion, l’actuel commissair­e de l’UPAC, Frédérick Gaudreau, s’était même excusé publiqueme­nt au nom de l’organisati­on.

« Depuis les événements, les faits ont démontré que l’arrestatio­n de M. Guy Ouellette résulte d’une enquête fautive à certains égards et que cette arrestatio­n était injustifié­e », avait-il alors déclaré.

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 ?? PHOTOS D’ARCHIVES ?? Robert Lafrenière, l’ex-patron de l’UPAC, avait lancé l’enquête sur les fuites d’informatio­n, qui visait plusieurs enquêteurs. L’UPAC s’était aussi excusée en 2021 auprès de l’ex-député Guy Ouellette (en mortaise).
PHOTOS D’ARCHIVES Robert Lafrenière, l’ex-patron de l’UPAC, avait lancé l’enquête sur les fuites d’informatio­n, qui visait plusieurs enquêteurs. L’UPAC s’était aussi excusée en 2021 auprès de l’ex-député Guy Ouellette (en mortaise).

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