Plusieurs lacunes ont mené aux décès des deux pompiers
La CNESST met en cause l’absence de planification des mesures d’intervention
Choix inapproprié de véhicule, manque de planification et de formation : la Municipalité de Saint-Urbain était mal préparée à faire face aux inondations exceptionnelles de l’an dernier, qui ont entraîné dans la mort deux de ses pompiers volontaires, selon la CNESST.
Dans son rapport d’enquête dévoilé hier, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) relève plusieurs lacunes ayant contribué à l’accident qui a coûté la vie à Christopher Lavoie, 23 ans, et à Régis Lavoie, 55 ans, le 1er mai 2023.
Ce jour-là, la rivière du Gouffre était déchaînée. La crue soudaine a d’ailleurs inondé ou encerclé des centaines de résidences de Charlevoix.
Après discussion avec leur supérieur, les pompiers volontaires avaient convenu d’utiliser le véhicule amphibie d’un d’entre eux pour sortir du pétrin deux citoyens piégés par l’eau qui encerclait leur domicile.
Or, dans les conditions qui prévalaient, cette utilisation du véhicule était « inappropriée », concluent les inspecteurs.
Le directeur du service incendie ne leur a pas clairement dit d’attendre et ils se sont retrouvés au milieu d’un champ inondé où le véhicule a commencé à dériver vers l’embouchure du pont de la 138.
Le véhicule s’est coincé contre un arbre et les victimes qui portaient des habits de combat d’incendie ont été emportées par le courant.
« PAS PRÉPARÉE »
La CNESST conclut que l’absence de planification des mesures de prévention pour gérer les situations d’inondation a mené à une gestion déficiente de l’intervention.
En outre, il n’y avait pas de mention du risque d’inondation dans le Plan municipal de sécurité civile (PMSC), et ce, bien qu’il en survienne régulièrement à Saint-Urbain.
Le jour des événements, aucun centre de coordination n’est ouvert pour assurer la gestion globale de l’événement et l’état d’urgence n’est pas déclaré.
« Malgré les annonces de pluies, la municipalité n’est pas préparée adéquatement le 1er mai 2023 pour faire face aux différents aléas possibles », précise le rapport.
FORMATION DÉFICIENTE
D’autre part, les enquêteurs pointent du doigt « l’absence de formation pour effectuer des travaux à proximité et au-dessus de l’eau », ce qui a exposé les pompiers, qui « ne disposaient pas des compétences, des connaissances et des équipements nécessaires », à un danger de noyade.
À ce sujet, l’organisme souligne que la formation de base requise pour les pompiers dans les municipalités de moins de 25 000 habitants au Québec ne couvre que les notions de lutte contre les incendies.
Les services incendie peuvent intervenir dans d’autres situations que le combat contre le feu, mais se doivent alors de former et d’équiper leurs pompiers en conséquence.
On apprend aussi qu’aucune veste de flottaison individuelle n’était disponible au sein du service incendie de Saint-Urbain.
La mairesse de Saint-Urbain, Claudette Simard, et son directeur du service incendie, Cédric Châtigny, ont décliné notre demande d’entrevue en raison de l’enquête du coroner qui débutera en avril.