Le Journal de Montreal

La fille d’une des victimes a encore de la rancune

- DOMINIQUE LELIÈVRE

Près d’un an après la tragédie qui lui a enlevé son père lors des inondation­s à Saint-Urbain, « la colère est moins présente », mais il subsiste encore des questions, confie la fille d’une des victimes.

« J’ai appris à vivre avec le fait que mon père est décédé et pour une bonne cause, au fond », soupire Marylou Lavoie, la fille de Régis Lavoie, en entrevue avec Le Journal.

« Mais c’est sûr que j’ai encore de la rancune, j’ai encore une incompréhe­nsion dans […] les décisions qui ont été prises à ce moment-là [sur] qui qui a décidé de les envoyer, si on pourrait dire, à l’abattoir », poursuit-elle.

Le dévoilemen­t du rapport de l’enquête de la CNESST est une bonne nouvelle selon elle.

La jeune femme de 23 ans souhaite qu’on tire des leçons de la tragédie et que la mort de son papa, un homme « au grand coeur qui était prêt à aider tout le monde et qui a donné sa vie pour aider les gens », permette de sauver des vies.

«UNBAUME»

« Ça me met un baume sur le coeur parce que je me dis peut-être que plus aucune famille ne vont vivre un drame comme nous [on] a vécu », souligne-t-elle.

Son père est décédé seulement un mois avant qu’elle accouche de son fils. Celui-ci porte d’ailleurs le nom de Malik Régis en l’honneur de son grand-père.

« Chaque fois que je pose le regard dans les yeux de mon fils, je vois mon père parce qu’il lui ressemble comme deux gouttes d’eau. C’est comme si la vie nous avait envoyé du réconfort », dit Marylou Lavoie, parlant d’une rare source de bonheur dans ce qui a été une période éprouvante.

MORT EN HÉROS

À ses yeux, Régis Lavoie et son confrère Christophe­r Lavoie sont décédés en héros, eux qui venaient en aide à des citoyens encerclés par l’eau avant d’être emportés par le courant.

Si elle persiste à croire que le drame était évitable, la jeune mère espère avoir plus de réponses lors de l’enquête publique du coroner qui s’amorcera à la mi-avril.

En outre, elle continue à se demander pourquoi un hélicoptèr­e n’a pas été envoyé plus tôt pour secourir les résidents en difficulté, puisque c’est de cette façon qu’ils ont finalement été évacués.

Quant à l’éventualit­é d’un recours en justice, elle explique que la famille ne l’écarte pas, mais qu’une décision est loin d’être prise à ce sujet. « On n’est pas là pour trouver un coupable. Moi, tout ce que je veux, c’est que ça n’arrive plus », explique-t-elle.

Newspapers in French

Newspapers from Canada