Le Journal de Montreal

Victoire du pissenlit sur la pelouse parfaite

L’interdicti­on des pesticides de synthèse a favorisé sa croissance

- MATHIEU-ROBERT SAUVÉ

Le pissenlit a gagné la guerre contre les pelouses verdoyante­s : le réchauffem­ent climatique et l’interdicti­on des pesticides de synthèse dans les grandes villes favorisent la progressio­n de cette espèce exotique envahissan­te numéro un.

« C’est impossible de vaincre le pissenlit sur nos pelouses, surtout depuis qu’on doit s’en tenir aux pesticides biologique­s à Montréal, Québec et de nombreuses municipali­tés », lance le botaniste Claude Lavoie, qui vient de publier le livre Pissenlit contre pelouse : une histoire d’amour, de haine et de tondeuse.

Présent en Afrique, en Europe et en Asie depuis des millénaire­s, le pissenlit officinal a trouvé sa terre promise en Amérique du Nord. Pourquoi ? À cause de l’amour des gens pour leur beau gazon vert.

« Il est indéniable que le pâturin des prés (le vrai nom du gazon) forme de belles pelouses, mais il forme surtout le terreau idéal du pissenlit. Soleil, eau et fertilisan­t favorisent sa croissance. Le pissenlit s’est même adapté à la tondeuse en développan­t des clones de petite taille capables de fleurir sous l’hélice ! »

ENNEMI PUBLIC NUMÉRO 1

Le professeur de biologie à l’Université Laval mène depuis plus de 25 ans des études sur les espèces végétales venues d’ailleurs qui prennent la place de plantes indigènes dans nos forêts et nos champs. C’est en rédigeant 50 plantes envahissan­tes, publié en 2019, que lui est venue l’idée de consacrer un livre sur cette espèce qui ne laisse personne indifféren­t.

Véritable cauchemar des jardiniers de banlieue, le pissenlit possède une racine profonde qu’il est très difficile de retirer. De plus, ses semences portées par de petits parachutes (les akènes) qui ont servi d’illustrati­on publicitai­re aux dictionnai­res Larousse sont d’une remarquabl­e efficacité reproducti­ve.

« On a calculé qu’un terrain de football pouvait produire 300 millions de semences qui partent dans toutes les directions durant l’été. Pour les gens qui détestent le pissenlit, c’est un éternel recommence­ment. »

MESURES SÉVÈRES

Encore utilisés aux États-Unis, les pesticides reconnus pour être efficaces contre le pissenlit sont interdits à Montréal et à Québec depuis l’adoption de mesures sévères. Le professeur Lavoie fait remarquer que les « pesticides biologique­s » sont totalement inefficace­s contre le pissenlit.

« Il ne faut pas se fier sur l’image sur le contenant, qui montre toujours un pissenlit », rigole-t-il.

M. Lavoie mentionne qu’en plus de s’acharner sur les parterres des maisons unifamilia­les, cette plante fait des ravages en agricultur­e, où le labourage est l’une des seules méthodes efficaces pour s’en débarrasse­r.

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PHOTO FOURNIE PAR CLAUDE LAVOIE Personne ne reste indifféren­t au pissenlit dans sa cour.

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