Un faux site internet invite les Français à s’engager en Ukraine
AFP | Le ministère français des Armées a dénoncé hier sur X (ex-Twitter) un faux site internet reprenant son logo officiel et invitant 200 000 Français à « s’engager en Ukraine », opération attribuée par plusieurs sources à des intérêts russes ou prorusses.
« L’URL d’un site “s’engager en Ukraine” qui reprend la charte graphique des sites gouvernementaux circule actuellement sur X », indique le ministère. « Ce site est un faux site gouvernemental, relayé sur les réseaux sociaux par des comptes malveillants, pour une campagne de désinformation ».
Le site en question, inaccessible en fin de matinée, invitait les volontaires à laisser leurs coordonnées. « Les immigrés sont prioritaires », précisait-il notamment, en proposant de discuter avec « Capitaine Paul, commandant d’unité ».
L’organisme français de lutte contre les ingérences numériques étrangères, Viginum, a repéré le site mercredi.
Si le ministère des Armées ne désignait officiellement hier aucune piste quant aux auteurs du faux, une source proche de l’exécutif a indiqué que les premiers indices pointaient les réseaux de communication du groupe de mercenaires russe Wagner.
Les « comptes utilisés, les données techniques qu’on retrouve derrière, ce sont des gens qu’on connaît », a assuré cette source. « Ces gens-là bougent encore et restent très centrés sur l’Ukraine. »
« DISPOSITIF RUSSE OU PRORUSSE »
Un autre haut responsable a lui aussi évoqué « la marque d’un dispositif russe ou prorusse, dans le cadre de la campagne de désinformation selon laquelle l’armée française se préparerait à envoyer des hommes en Ukraine » se battre contre la Russie.
« Tout converge : le narratif, la méthode. Il y a une manoeuvre », a-t-il ajouté sous couvert d’anonymat, évoquant, entre autres exemples récents, des images de convois français circulant prétendument vers la frontière ukrainienne, diffusées récemment sur les réseaux sociaux.
Après être longtemps restées sur la défensive face aux assauts informationnels russes, les autorités françaises se sont lancées ces dernières semaines dans une dénonciation musclée des tentatives de déstabilisation ciblant la France téléguidées, selon elles, par Moscou pour saper le soutien de l’opinion publique à la cause ukrainienne.
Dans une entrevue au journal Le Figaro hier, le chef de Viginum, Marc-Antoine Brillant, révèle que l’organisme a identifié l’an passé près de 230 phénomènes inauthentiques sur les réseaux sociaux, dont une douzaine d’ingérences étrangères.
« C’est 40 % de plus qu’en 2022 », précise M. Brillant. « La Russie s’affirme comme l’acteur le plus agressif sur le champ informationnel. »