Trudeau essaie de « canceller » les provinces
À regarder aller Justin Trudeau, on pourrait penser qu’il veut « canceller » les provinces. Après l’assurance-dentaire, après l’assurance-médicament, après les cibles non respectées des réunifications familiales, après les transferts en santé avec conditions, tous des ingérences délibérées dans les compétences des provinces, voilà que le gouvernement Trudeau souhaite mettre son pif sur le logement.
FRÉNÉSIE FÉDÉRALE
Pataugeant dans la boue politique, le gouvernement Trudeau annonce en marge de son budget une Charte canadienne des locataires. Une forme de registre des loyers, que le gouvernement Legault n’a jamais voulu, et un bail uniforme d’un océan à l’autre.
Ah tiens, voilà le début de certaines normes en habitation du gouvernement fédéral. Politiquement, il veut faire sentir sa présence. Constitutionnellement, ceci constitue un (autre) envahissement direct dans les compétences des provinces. Sans ambiguïté. Sans gêne. Quid des principes élémentaires du fédéralisme ?
Chaque fois qu’un enjeu touche les citoyens, le fédéral bouillonne : il doit intervenir. La mécanique d’empiètement fédéral est bien rodée.
Ottawa crée des programmes, les gens en veulent, les provinces finissent par accepter, Ottawa désinvestit progressivement et les provinces doivent continuer à donner le service. Des trappes à rats, comme le dit mon collègue Mario Dumont. Et le gouvernement fédéral a beau jeu. Il laisse au gouvernement du Québec, et des provinces, le mauvais rôle. S’il s’y oppose, il passera pour celui qui ne veut pas protéger les locataires. S’il l’accepte, il laisse Ottawa jouer dans son carré de sable.
Un lose-lose, comme on dit dans la capitale fédérale.
BORDEL EN VUE
Il faudrait aussi expliquer ce que le fédéral connaît sur le logement.
On sait ce que cela risque de causer : une structure parallèle à ce qui existe déjà au Québec. Des nouveaux fonctionnaires, un registre, des nouveaux fonds, de nouvelles règles… Chaos en vue où deux gouvernements vont travailler en sens contraire.
On pratique désormais un fédéralisme parental. Comme Dieu le père, Ottawa sait, Ottawa supervise, Ottawa agit quand bon lui semble. Que les provinces pratiquent la génuflexion devant sa grandeur et sa magnanimité.