Quand les gardiens de la voûte nous volent
La nouvelle peut paraître rassurante sur un aspect. L’Agence du revenu du Canada ne passe pas l’éponge avec les fraudeurs. L’agence a sorti la matraque et a carrément congédié 232 employés parce qu’ils ont collecté des chèques de PCU auxquels ils n’avaient pas droit.
Ils se sont fait montrer la porte, OK. Mais bon sang, il y a quand même 232 fonctionnaires, à qui l’État avait confié la tâche d’administrer le programme, qui ont tenté de frauder ledit programme. C’est énorme !
Oui, il y a des pommes pourries partout. Si on m’avait annoncé que deux ou trois fonctionnaires avaient tenté de flouer leur propre système, j’aurais déploré la chose sourire en coin comme étant la triste normalité du genre humain. Mais plus de 200 ? ? ? Le nombre témoigne d’un problème plus gros.
LEUR DEVOIR
Ils étaient parmi ceux qui ont fixé les règles et mécanismes pour l’administration du programme.
Ils étaient parmi ceux qui interprétaient les règles, les expliquaient aux citoyens.
Ils étaient ceux qui devaient protéger notre argent et ils ont profité de leur position pour nous voler.
Lorsque tout le monde a pris conscience que beaucoup de sommes avaient été versées en trop, le gouvernement a offert aux citoyens honnêtes de retourner l’argent. Il leur a donné du temps pour le faire. Ces 232 fonctionnaires tordus recevaient et géraient les remboursements des autres, mais n’ont jamais eu l’idée de rembourser eux-mêmes. Tu parles !
ORGIE
Je rappelle que la PCU (Prestation canadienne d’urgence) fut la réponse rapide et généreuse du gouvernement fédéral aux pertes d’emploi durant la pandémie. Fermetures d’établissements, annulation d’événements, les pertes d’emploi furent brutales et le gouvernement voulait y apporter une réponse empressée.
Or, pour faire si vite, on a dû sacrifier la plupart des mécanismes normaux de vérification et d’encadrement. Même Alain Choquette fut jaloux de la vitesse avec laquelle on faisait apparaître par magie les dépôts directs dans les comptes de banque.
Des adolescents qui avaient eu un petit boulot l’été précédent se levaient un matin avec 4000 $ dans leur compte de banque. Plusieurs n’avaient jamais eu autant d’argent !
Si l’urgence des deux ou trois premiers mois justifiait l’absence de contrôle, il aurait fallu rapidement instaurer des mécanismes de prévention de l’abus. Pendant des mois, plusieurs entreprises ne trouvaient même plus de maind’oeuvre parce que les bénéficiaires de la PCU préféraient prendre le cadeau du fédéral et rester à la maison.
L’ampleur des versements injustifiés a néanmoins dépassé tout ce qu’on pouvait imaginer. On estime maintenant que 680 000 personnes ont reçu des sommes indues pour un grand total de 1,2 milliard !
L’histoire des fonctionnaires fraudeurs en dit long sur l’état d’esprit qui prévalait alors à l’Agence du revenu. Les responsables du programme eux-mêmes avaient la perception que, pendant ces mois, l’argent des contribuables serait lancé par les fenêtres.
Facile pour le contribuable de devenir paranoïaque lorsqu’on constate ce qui arrive à son argent.