LE GRAND COEUR DE TORTORELLA
Le DG des Flyers Daniel Brière vante les qualités humaines de son entraîneur-chef
Daniel Brière en a vu de toutes les couleurs à sa première année dans le siège du directeur général des Flyers. La transaction exigée par Cutter Gauthier, la suspension de Carter Hart pour son implication dans le scandale d’Équipe Canada junior. Et, au quotidien, il doit gérer John Tortorella, qui, en apparence, n’a pas l’air d’être un client facile. Et pourtant...
« Torts a un grand coeur, mais il n’aime pas ça le montrer », a lancé Brière à l’auteur de ces lignes lors d’une entrevue réalisée pendant l’entraînement matinal du Canadien, hier.
Par chance que les interlocuteurs étaient bien assis, ce qui limitait les risques de tomber de sa chaise.
« C’est une personne exceptionnelle. Mais il n’aime pas ça quand je le dis parce qu’il veut garder son air bourru qui fait peur au monde, a-t-il soutenu. Il s’informe toujours de toi, il prend toujours des nouvelles de ta famille, de tes enfants. Les gens ne s’imaginent pas ça quand ils le voient à la télévision pendant ses points de presse. »
Et les journalistes non plus. On ne compte plus les sautes d’humeur, les pointes dirigées envers eux et le traitement du silence qu’il leur a réservé au fil des ans. Récemment, il s’est excusé auprès des confrères de Philadelphie quelques jours après avoir été plutôt bête avec eux.
« UNE BONNE RELATION »
Du jamais-vu ! Est-ce la sagesse qui commence à faire son oeuvre ? Il est possible d’en douter.
D’autant plus qu’il y a quelques semaines, le vénérable entraîneur s’est vu imposer une amende de 50 000 $ par la LNH parce qu’il a refusé de quitter son poste derrière le banc, alors que les officiels venaient de l’expulser.
Quand on vous dit que ce n’est pas un client facile. D’ailleurs, c’est comment, être le patron de Tortorella ?
« C’est sûr qu’il rend les choses intéressantes de son côté. Il n’a pas peur de prendre des décisions difficiles et ça fait beaucoup jaser, a reconnu Brière. Mais on a une bonne relation. »
Parmi ces fameuses décisions qui font jaser, il y a bien sûr celle où il a choisi de laisser Sean Couturier de côté pendant deux rencontres, le 19 mars contre les Maple Leafs, et le 21 mars en Caroline.
Disons qu’envoyer son capitaine sur la passerelle est plutôt un phénomène rare.
« Ce n’est jamais plaisant de voir ça, mais je comprends la décision de Torts. Je lui donne les joueurs et il décide ce qu’il fait avec eux, qui il fait jouer et combien de temps il les fait jouer. »
DES SEMAINES DIFFICILES
L’entraîneur-chef a défendu cette décision en déclarant qu’il envoyait dans la formation « les joueurs qui lui donnent les meilleures chances de gagner ».
À ce moment-là, Couturier connaissait une baisse de régime. Auteur de seulement quatre mentions d’assistance en 15 matchs, il avait vu son temps de jeu descendre sous les 15 minutes.
« Les dernières semaines ont été difficiles, ça n’a pas fonctionné comme il le voulait sur la patinoire. Mais en première moitié de saison, il a été exceptionnel. Il jouait 20-22 minutes match après match. »
« C’est peut-être ça qui lui est rentré dans le corps, a poursuivi le directeur général. Ça faisait pratiquement deux ans qu’il n’avait pas joué. Je ne suis pas inquiet pour lui. Il l’a encore. »
CANDIDAT AU JACK-ADAMS ?
On peut dire ce qu’on veut de Tortorella, sa façon de diriger les Flyers est surprenante. Cette jeune équipe, de qui on n’attendait pas grand-chose en début de saison, se bat toujours pour une place en séries éliminatoires.
Si elle devait y parvenir, il ne faudrait pas se surprendre de voir son entraîneur-chef obtenir une nomination pour le trophée JackAdams, remis à l’entraîneur de l’année. Titre qu’il a remporté en 2004, alors qu’il était à la barre du Lightning, et en 2017, au moment où il dirigeait les Blue Jackets.