Le Journal de Montreal

LA PRISON A SAUVÉ LA VIE D’UN RAPPEUR

Christian Dionne, alias Die-On, dit avoir beaucoup changé après avoir purgé deux ans de prison

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Le rappeur Christian Dionne (Die-On), qui travaille aujourd’hui auprès des jeunes issus de la DPJ, affirme avoir dû « toucher le fond du baril » durant sa cavale en Colombie avant de réaliser que ce n’était pas la vie qu’il souhaitait.

« À ce moment-là, je pensais que je n’avais plus rien à perdre, que de toute façon j’allais sûrement mourir prochainem­ent. J’étais dedans jusqu’au cou », confie Christian Dionne, rencontré par Le Journal sur son lieu de travail, à Chambly, dans le cadre d’une série d’entrevues avec d’ex-détenus qui ont repris leur vie en main.

Le rappeur, connu sous le pseudonyme Die-On, se trouvait en Colombie avec sa conjointe de l’époque lorsqu’il a appris qu’il était recherché en 2015 pour trafic, gangstéris­me et complot. Les vacances se sont rapidement transformé­es en chasse à l’homme quand il a décidé de déchirer son billet de retour.

Les années qui ont suivi ont été une véritable descente aux enfers. La fatigue et le désespoir ont fini par s’installer, alors qu’il était traqué.

« J’ai essayé de mourir en consommant, en me mettant volontaire­ment dans des situations dangereuse­s. J’ai vraiment touché le fond du baril. Puis j’ai eu un déclic », explique l’homme de 40 ans.

SA VIE SUR PAUSE

Au lieu de soudoyer les policiers colombiens, comme il avait l’habitude de le faire, il a décidé de se laisser arrêter après cinq ans de cavale. Après son transfert au Québec, il a vite plaidé coupable aux accusation­s auxquelles il faisait face et a écopé d’une peine de 5 ans de pénitencie­r.

« J’ai décidé que tant qu’à avoir ma vie sur pause, j’allais en profiter pour changer du tout au tout, me remettre en forme et arrêter de consommer, soulignet-il. Pour moi, la prison m’a sauvé la vie. Si je n’y étais pas allé, je ne serais sûrement plus là aujourd’hui. »

Après deux ans derrière les barreaux, le rappeur est libéré pour bonne conduite, en 2022. Mais après toutes ces années « hors du temps », le choc de son retour dans la société a été intense, affirme-t-il.

TRAVAILLER AVEC L’HUMAIN

Néanmoins, Christian Dionne a su garder son objectif en vue, lui qui travaille notamment à la Maison Stéphane Fallu, à Chambly. Il s’agit d’un organisme communauta­ire qui accompagne des jeunes issus de la DPJ.

« Je sais que c’est un peu paradoxal [par rapport à mon passé], mais j’ai toujours voulu travailler avec l’humain. Je me sers beaucoup de mon vécu pour guider les jeunes sur la bonne voie », souligne celui qui se présente désormais comme un intervenan­t.

« J’ai vu jusqu’où ça peut mener le manque d’espoir, d’aide et d’écoute. Ça peut faire la différence d’avoir quelqu’un pour t’épauler », poursuit-il.

Die-On n’a toutefois pas tiré un trait sur sa carrière musicale. Il a continué d’écrire depuis son incarcérat­ion. Après avoir publié un premier album en 2022, collaboran­t notamment avec Souldia, voilà que l’artiste s’apprête à en lancer un deuxième.

« Je reprends enfin ma carrière là où je l’avais laissée », conclut-il, tout sourire.

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PHOTO AGENCE QMI, JOËL LEMAY. Christian Dionne à Chambly en début d’année.
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PHOTOS FOURNIES PAR CHRISTIAN DIONNE Christian Dionne, alias Die-On, lors de sa cavale en Colombie alors qu’il était recherché pour trafic de stupéfiant­s.
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