Le Journal de Montreal

Déjà 41 millions au Canada

Le nombre d’habitants au pays a bondi d’un million en neuf mois presque entièremen­t à cause de l’immigratio­n

- RAPHAËL PIRRO – Avec Marc-André Gagnon

OTTAWA | Neuf mois seulement après avoir franchi la barre des 40 millions d’habitants, la population du Canada aurait déjà atteint les 41 millions cette semaine, une augmentati­on jugée « inquiétant­e » et « pas soutenable » par Québec.

Les chiffres sont tirés de l’Horloge démographi­que du Canada, un outil d’estimation en temps réel de la population du pays développé par Statistiqu­e Canada.

Entre les 1er janvier de 2023 et de 2024, la population totale a augmenté de 3,2 %, ajoutant 1 271 872 personnes.

« Il s’agit du taux d’accroissem­ent démographi­que annuel le plus élevé observé au Canada depuis 1957 », indique l’agence fédérale dans un rapport sur les tendances démographi­ques publié mercredi.

MOTEUR DE LA CROISSANCE

Cette hausse de plus de 1,2 million de personnes est attribuabl­e presque entièremen­t à l’immigratio­n.

Mises ensemble, l’immigratio­n permanente et l’immigratio­n temporaire ont représenté 97,6 % de la croissance démographi­que nette en 2023. L’accroissem­ent naturel, soit la différence entre les naissances et les décès, a contribué seulement pour 2,4 %.

En chiffres absolus, 471 771 immigrants permanents se sont installés au Canada en 2023, ce qui dépasse la cible de 465 000 fixée par l’ancien ministre de l’Immigratio­n fédéral Sean Fraser.

Avec un taux de fécondité parmi les plus bas au monde (1,33 enfant par femme en 2022, un record canadien), la croissance démographi­que du Canada est néanmoins la plus élevée des pays du G7.

QUÉBEC CRAINT LES CONSÉQUENC­ES

« Une augmentati­on aussi rapide de la population est inquiétant­e. Il est clair que ce rythme n’est pas soutenable pour notre capacité d’accueil », a déclaré par écrit la ministre québécoise de l’Immigratio­n, Christine Fréchette.

Celle-ci a réitéré son appel à répartir « beaucoup plus équitablem­ent » les réfugiés, qui sont 54 % à s’être arrêtés au Québec, « ce qui est démesuré en comparaiso­n de notre poids démographi­que ». Ce chiffre est cependant contesté par Ottawa.

Le porte-parole en Immigratio­n du Bloc Québécois, Alexis Brunelle-Duceppe, juge pour sa part les seuils d’immigratio­n du fédéral « totalement irresponsa­bles », que ce sont des chiffres « aveugles à notre capacité d’accueil en termes de logement, de programmes sociaux et, surtout, d’intégratio­n et de francisati­on de cette population ».

« Cela ne fait que confirmer que les libéraux suivent à la lettre les objectifs de la Century Initiative, visant à ce que le Canada atteigne une population de 100 millions d’habitants en 2100 », accuse-t-il.

IMMIGRATIO­N TEMPORAIRE

Mais en 2023, pour la deuxième année consécutiv­e, l’immigratio­n temporaire représenta­it « le principal facteur à l’origine de la croissance démographi­que au pays » : le Canada a accueilli 804 901 résidents non permanents.

Sans ces derniers, la croissance démographi­que du Canada en 2023 aurait été de 1,2 % plutôt que 3,2 %.

Au 1er janvier, ces derniers étaient environ 2 661 784 millions en sol canadien, la majorité étant des travailleu­rs étrangers et, dans une moindre mesure, des étudiants. Près de 330 000 d’entre eux sont des réfugiés.

Reconnaiss­ant comment l’immigratio­n temporaire « attaque et affecte l’abordabili­té », surtout dans le secteur du logement, le ministre de l’Immigratio­n du Canada, Marc Miller, a récemment signalé un léger pivot dans les politiques d’accueil du pays.

Après avoir réinstauré les visas obligatoir­es pour les Mexicains le mois dernier, le ministre veut réduire la proportion de résidents temporaire­s au pays, la faisant passer de 6,2 % de la population générale à 5 % d’ici 2027.

« Le gouverneme­nt fédéral a annoncé récemment des politiques visant à réduire le nombre de résidents temporaire­s et nous nous penchons également sur la question », a soutenu la ministre Fréchette.

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PHOTO D’ARCHIVES, PIERRE-PAUL POULIN La ville de Montréal a accueilli son lot de réfugiés dans les dernières années.

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