Les cartes de Legault pour le remaniement ministériel
Le premier ministre a appris avec stupeur que seuls 11 élus caquistes conserveraient leur siège si des élections avaient lieu aujourd’hui, selon l’agrégateur de sondages Québec125. François Legault s’est montré patient depuis son accession au pouvoir et a utilisé avec grande parcimonie ce levier de changement que constitue un remaniement. Il pourrait survenir avant les vacances d’été, ou au retour, pour l’automne. Brasser les cartes du conseil des ministres peut avoir un impact positif. Ce ne sera pas un remède miracle, puisqu’il a lui-même fortement contribué à la chute de son parti. Voici un survol de l’état des forces de l’actuelle équipe ministérielle de la CAQ.
Les piliers éreintés peuvent-ils bouger ? Christian Dubé, Eric Girard, Pierre Fitzgibbon
Le ministre de la Santé mettra en place son agence dans les prochaines semaines, afin de l’aider à faire atterrir sa réforme. Tout comme les vétérans aux Finances et à l’Économie/Énergie, il pourrait être plus heureux à l’extérieur de la politique. Fitz déposera son projet de loi sur l’utilisation de l’électricité et poursuit le déploiement de la filière batterie, mais semble agacé par les limites qui lui sont fixées. Le difficile contexte financier altère la motivation de l’argentier, courroucé depuis son erreur avec les Kings. Les trois piliers sont difficiles à déplacer, mais Girard a envoyé un drôle de message en affirmant que son successeur sera sûrement une femme.
Les valeurs sûres Sonia LeBel, Simon Jolin-Barrette, Jean Boulet
Voilà trois ministres efficaces, capables de manoeuvrer dans des conditions difficiles, sans mettre le gouvernement dans l’embarras. Hormis une seule malheureuse déclaration sur les immigrants en campagne en 2022, le titulaire du Travail fait bien. Il montre encore avec la réforme de la construction qu’il peut piloter des dossiers complexes avec ses aptitudes de négociateur. Jolin-Barrette transforme le système de justice de façon durable et permet de grandes avancées pour le droit de la famille. La présidente du Conseil du trésor gagnera en visibilité lorsqu’on lui donnera l’occasion de passer à un autre appel après des années de négos. Dans les trois cas, peu importe la mission qu’ils se verront confier, ils la mèneront à bon port.
Le duo clivant Geneviève Guilbault, Bernard Drainville
Les deux fortes personnalités ont leurs fans et aussi beaucoup de détracteurs. Ils ont été coulés par la saga du 3e lien Québec-Lévis et en portent encore les stigmates. La vice-première ministre est entrée dans le jet-set, mais son étoile a pâli au fil des controverses et de l’exposition d’une attitude parfois désinvolte. Elle aura bientôt l’occasion de montrer ce dont elle est capable avec la création d’une agence aux transports. L’ex-animateur et journaliste n’est pas un mauvais ministre de l’Éducation, mais il a tendance à glisser sur des pelures de banane.
La belle surprise Christine Fréchette
Excellente communicatrice, elle maîtrise parfaitement les rouages de l’immigration. N’a pas commis de faux pas dans un dossier pourtant délicat. L’ex-péquiste a sûrement marqué des points aux yeux de François Legault et de son entourage. Le PM pourrait être tenté de lui confier un mandat lui permettant de rayonner davantage.
En deçà des attentes France-Élaine Duranceau
Personne ne s’attendait à ce que la CAQ se range derrière toutes les demandes du FRAPRU en matière de logement. Par contre, la recrue politique aura du mal à se défaire d’une image pro-propriétaire qui lui colle à la peau. Peutêtre une mission liée à l’économie lui siérait davantage.
Il est temps de passer à autre chose Benoit Charette, Andrée Laforest
À l’Environnement depuis six ans, Charette semble avoir peu de poids au gouvernement pour se positionner en rempart « vert » devant les considérations économiques. La ministre régionale du « Sag-Lac » a aussi les mêmes responsabilités depuis 2018. Un nouveau vis-à-vis pour les maires apporterait un peu de fraîcheur.
Des invisibles Kateri Champagne Jourdain, Maité Blanchette Vézina, Jonatan Julien, Chantal Rouleau
La ministre de l’Emploi, recrue en politique, n’a rien fait pour se démarquer. Certains petits ministères donnent évidemment beaucoup moins de visibilité. Néanmoins, nous n’avons pas perçu un sens de l’initiative et des avancées dans ces missions. Pour Julien, pas de progrès pour la Capitale-Nationale, et rien pour l’instant du côté des Infrastructures. Les ministres de cette catégorie pourraient être des victimes du remaniement, à moins d’être maintenus pour des considérations de représentation régionale.