Une présidente à la Maison-Blanche, une simple question de temps
Le vice-président, dit-on sinistrement, est « à un battement de coeur de la présidence ». La Maison-Blanche, à moins d’un bouleversement dramatique, sera encore occupée par un homme l’an prochain. Mais à l’âge qu’ont les candidats, « Madame la Présidente », ce n’est plus qu’une question de temps.
Bienvenue à la troisième décennie du troisième millénaire, les candidats s’attachent désormais une femme comme colistière. Donald Trump se fait encore attendre, mais chez lui aussi, les signaux vont dans ce sens.
Depuis 2020 déjà, Joe Biden est appuyé par une femme à la vice-présidence. La semaine dernière, Robert F. Kennedy junior, le seul candidat mineur qui pourrait faire une différence en novembre prochain, a confirmé qu’une femme l’accompagnera dans sa tortueuse campagne présidentielle.
UNE DÉCISION SOUS LE MICROSCOPE
D’une élection présidentielle à l’autre, le choix d’un colistier éclaire les priorités du candidat présidentiel, les faiblesses qu’il souhaite combler et, souvent aussi, l’électorat qu’il veut courtiser.
Barack Obama, jeune sénateur de l’Illinois, tenait à faire taire en 2008 les critiques sur son inexpérience, notamment en matière de politique internationale. Joe Biden, longtemps membre de la commission sénatoriale des Relations étrangères, devenait le colistier idéal.
En 2016, Donald Trump – doublement divorcé, triplement marié et novice en politique active – avait besoin de rassurer l’électorat évangélique sur ses convictions conservatrices. Mike Pence, le pieux et pudique ex-gouverneur de l’Indiana, s’est révélé la caution idéale.
Pour sa part, Joe Biden, en s’alliant à Kamala Harris en 2020, rajeunissait le tandem et signalait à l’électorat féminin, mais également « de couleur », que sa présidence allait avoir leurs intérêts à coeur.
COUP DE JEUNESSE ET D’ARGENT POUR RFK JR
Robert F. Kennedy junior – nous le disions la semaine dernière – n’a aucune chance de remporter l’élection présidentielle. Il semble toutefois posséder suffisamment d’appui pour saboter la campagne de Biden et permettre à Trump de se faufiler vers la victoire.
Sa colistière, présentée mardi à Oakland, en Californie a créé la surprise. Nicole Shanahan a déjà vécu, à 38 ans, une de ces vies à l’emporte-pièce. Née d’une mère chinoise, élevée dans la pauvreté, elle est devenue avocate et entrepreneure en haute technologie.
Elle peut, d’une voix, s’adresser aux plus démunis, aux femmes, aux immigrants, aux jeunes électeurs et à ceux et celles que le septuagénaire républicain et l’octogénaire démocrate n’inspirent pas. Ancienne conjointe du cofondateur de Google, elle est également riche et généreuse, ce qui ne fera pas de tort à la campagne de RFK Jr.
TRUMP ET LE LOOK DE L’EMPLOI
Donald Trump, qui a toujours aimé être courtisé, laisse encore les potentiels colistiers se démarquer. Des noms reviennent avec de plus en plus d’insistance cependant, dont celui de Kristi Noem, la gouverneure du Dakota du Sud.
Elle est du Midwest, de quoi plaire à sa base MAGA, et une mère de famille, ce qui pourrait adoucir son image chez les si importantes électrices de banlieue. Une femme enfin avec de l’expérience exécutive et du charme, critère de base du candidat républicain, connu pour aimer les femmes « qui s’habillent en femme ».
Ce serait une petite révolution aux États-Unis si les deux principaux candidats à la présidence et un troisième qui pourrait venir brasser les cartes faisaient campagne avec une femme comme candidate à la vice-présidence. On n’en est pas encore à « Madame la Présidente », mais on s’en approche.