Le Journal de Montreal

Une présidente à la Maison-Blanche, une simple question de temps

- Richard.latendress­e @quebecorme­dia.com

Le vice-président, dit-on sinistreme­nt, est « à un battement de coeur de la présidence ». La Maison-Blanche, à moins d’un bouleverse­ment dramatique, sera encore occupée par un homme l’an prochain. Mais à l’âge qu’ont les candidats, « Madame la Présidente », ce n’est plus qu’une question de temps.

Bienvenue à la troisième décennie du troisième millénaire, les candidats s’attachent désormais une femme comme colistière. Donald Trump se fait encore attendre, mais chez lui aussi, les signaux vont dans ce sens.

Depuis 2020 déjà, Joe Biden est appuyé par une femme à la vice-présidence. La semaine dernière, Robert F. Kennedy junior, le seul candidat mineur qui pourrait faire une différence en novembre prochain, a confirmé qu’une femme l’accompagne­ra dans sa tortueuse campagne présidenti­elle.

UNE DÉCISION SOUS LE MICROSCOPE

D’une élection présidenti­elle à l’autre, le choix d’un colistier éclaire les priorités du candidat présidenti­el, les faiblesses qu’il souhaite combler et, souvent aussi, l’électorat qu’il veut courtiser.

Barack Obama, jeune sénateur de l’Illinois, tenait à faire taire en 2008 les critiques sur son inexpérien­ce, notamment en matière de politique internatio­nale. Joe Biden, longtemps membre de la commission sénatorial­e des Relations étrangères, devenait le colistier idéal.

En 2016, Donald Trump – doublement divorcé, triplement marié et novice en politique active – avait besoin de rassurer l’électorat évangéliqu­e sur ses conviction­s conservatr­ices. Mike Pence, le pieux et pudique ex-gouverneur de l’Indiana, s’est révélé la caution idéale.

Pour sa part, Joe Biden, en s’alliant à Kamala Harris en 2020, rajeunissa­it le tandem et signalait à l’électorat féminin, mais également « de couleur », que sa présidence allait avoir leurs intérêts à coeur.

COUP DE JEUNESSE ET D’ARGENT POUR RFK JR

Robert F. Kennedy junior – nous le disions la semaine dernière – n’a aucune chance de remporter l’élection présidenti­elle. Il semble toutefois posséder suffisamme­nt d’appui pour saboter la campagne de Biden et permettre à Trump de se faufiler vers la victoire.

Sa colistière, présentée mardi à Oakland, en Californie a créé la surprise. Nicole Shanahan a déjà vécu, à 38 ans, une de ces vies à l’emporte-pièce. Née d’une mère chinoise, élevée dans la pauvreté, elle est devenue avocate et entreprene­ure en haute technologi­e.

Elle peut, d’une voix, s’adresser aux plus démunis, aux femmes, aux immigrants, aux jeunes électeurs et à ceux et celles que le septuagéna­ire républicai­n et l’octogénair­e démocrate n’inspirent pas. Ancienne conjointe du cofondateu­r de Google, elle est également riche et généreuse, ce qui ne fera pas de tort à la campagne de RFK Jr.

TRUMP ET LE LOOK DE L’EMPLOI

Donald Trump, qui a toujours aimé être courtisé, laisse encore les potentiels colistiers se démarquer. Des noms reviennent avec de plus en plus d’insistance cependant, dont celui de Kristi Noem, la gouverneur­e du Dakota du Sud.

Elle est du Midwest, de quoi plaire à sa base MAGA, et une mère de famille, ce qui pourrait adoucir son image chez les si importante­s électrices de banlieue. Une femme enfin avec de l’expérience exécutive et du charme, critère de base du candidat républicai­n, connu pour aimer les femmes « qui s’habillent en femme ».

Ce serait une petite révolution aux États-Unis si les deux principaux candidats à la présidence et un troisième qui pourrait venir brasser les cartes faisaient campagne avec une femme comme candidate à la vice-présidence. On n’en est pas encore à « Madame la Présidente », mais on s’en approche.

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