Et si le catholicisme n’était pas si bête ?
C’est une question qu’on peut se poser au moment des grandes fêtes religieuses, et Pâques en est une, et pour plusieurs, la plus belle, car on y célèbre la résurrection du Christ et la victoire sur la mort : que reste-t-il du catholicisme au Québec ?
Nous avons longtemps été un peuple croyant : le catholicisme structurait notre univers mental et notre existence collective. Le catholicisme était la matrice de notre culture.
Il n’en est évidemment plus ainsi. L’Église avait assurément abusé de ses privilèges, liés à la Conquête.
RITUELS
Le catholicisme a pris le bord avec la Révolution tranquille.
Les Québécois ont même développé à travers leur expérience traumatique avec l’Église une forme d’aversion profonde pour la religion en elle-même.
Mais l’être humain est un être religieux. Il a besoin, même s’il ne le formule pas ainsi, de croire en quelque chose qui le dépasse.
Il a besoin de marquer les grandes étapes de l’existence de rituels qui l’inscrivent dans la continuité du temps, où il retrouvera la trace de ses ancêtres et certaines traditions à transmettre à ceux qui le suivront.
Je note d’ailleurs que la fin de la religion ne s’est pas accompagnée de la fin de la croyance. Mais l’homme en quête de sens s’est mis à croire à n’importe quoi.
Cristaux, talismans, anges gardiens, le spiritisme nouveau prend souvent la forme d’une religion naïve.
NOSTALGIE
Inversement, et quoi qu’en dise la vulgate des temps présents, le catholicisme était très charpenté philosophiquement. Il repose évidemment sur un acte de foi, mais il a développé, au fil des siècles, une connaissance fine des complexités de l’âme humaine, et les rituels qu’il propose y répondaient.
Il se pourrait que les Québécois, en reniant brutalement leur catholicisme, aient perdu quelque chose d’essentiel.
Ce n’est pas sans raison qu’ils en expriment quelquefois une sourde nostalgie.