Le Journal de Montreal

Les médias sociaux, la nouvelle cigarette

Nos parents fumaient, mais ils savaient que c’était mauvais pour la santé. C’était leur prétexte pour nous l’interdire. Alors on fumait en cachette.

- Analyste politique

On sait maintenant que les médias sociaux sont semblables. Sauf que comme parents, comme société, nous sommes démunis.

Notre voix intérieure nous dit bien que c’est trop. Mais en même temps, nous sommes bombardés par la nouvelle réalité numérique.

Floride, Europe, France, même des commission­s scolaires ontarienne­s sévissent. Et pourtant, ici, silence quasi-radio de la classe politique.

La triste réalité, c’est que cette passivité tue nos enfants à petit feu.

LES PARENTS...

C’est aux parents d’imposer des limites !

Cette semonce ne vient certaineme­nt pas de ceux qui ont de jeunes ados et pré-ados !

Le percutant reportage de J.E. adémontré que ce n’est pas aussi simple que ça.

Quand 86 % des jeunes de 9 à 11 ans ont des comptes dans des médias sociaux réservés aux plus de 13 ans, c’est loupé.

Même quand les parents sont vigilants, tout bascule au secondaire.

Le compte YouTube ouvert pour faire des vidéos du chien acheté pendant la pandémie se transforme en un vaste journal public.

L’Instagram pour échanger avec la copine du camp ouvre la porte à des inconnus qui réclament des photos révélatric­es.

Soudaineme­nt, les règles qui étaient respectées prennent le bord. Au secondaire, il faut appartenir au groupe.

Entre en scène Snapchat, ses messages secrets et tout bascule.

Intimidati­on, violence, sextorsion, les ravages défraient les manchettes depuis des années.

L’impact potentiel des écrans sur le risque de décrochage, les relations sociales puis amoureuses est maintenant connu.

C’est sans compter celui sur le développem­ent du cerveau des ados ! Et l’épidémie de mal-être qui habite près de la moitié des ados d’aujourd’hui.

Comment le « Je ne sais plus quoi faire » entendu trop souvent dans la bouche de parents peut-il se frapper au mur du « soyez responsabl­es » ?

Au moins, nos parents savaient que la cigarette était néfaste. Combien de parents connaissen­t l’ampleur du risque qui vient avec la nouvelle réalité numérique ?

Tous les ados ne tomberont pas dans ce cercle vicieux et destructeu­r. C’est « seulement » un sur 5 qui basculera.

C’est beaucoup trop !

SILENCE RADIO

Le pire là-dedans, c’est que ça fait un bout de temps qu’on a appris que les plateforme­s numériques sont bien au courant des risques.

Elles ont étudié, quantifié, évalué les retombées néfastes de leurs algorithme­s sur nos enfants. Comme les cigarettie­rs, elles savent que leurs produits créent la dépendance.

Or, nos gouverneme­nts semblent démunis face à la complexité du problème.

Paul St-Pierre Plamondon réclame une stratégie dès la prochaine rentrée scolaire. Comme si c’était crédible d’y arriver en un si court laps de temps.

Certes, à Ottawa, le gouverneme­nt Trudeau vient de déposer un projet de loi pour responsabi­liser les grandes plateforme­s. Mais il est enlisé dans un débat sur la liberté d’expression.

Il aura fallu 70 ans pour mettre les compagnies de cigarettes au pas. De grâce, n’attendons pas aussi longtemps pour agir contre les médias sociaux.

La santé mentale et le développem­ent neurocogni­tif de trop de jeunes pèsent dans la balance.

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Notre passivité tue nos enfants à petit feu

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