Travaillons-nous plus aujourd’hui ? Eh non !
En 2005, l’ancien premier ministre du Québec, Lucien Bouchard, avait soulevé la controverse en osant affirmer que les Québécois ne travaillaient pas assez. C’était dans le cadre du débat sur la publication du manifeste des lucides où 12 personnalités québécoises s’inquiétaient du retard économique que le Québec accusait sur les autres provinces.
Pour l’ensemble des travailleurs québécois, la « durée du travail réelle » en heures par année par travailleur a même légèrement reculé, passant de 1630 heures en 2006 à 1612 heures en 2023.
Selon les données colligées par Statistique Québec, en 2006, on travaillait 83 heures de moins que les Ontariens. Aujourd’hui, l’écart a empiré à 85 heures. Cela équivaut à 5 % moins d’heures réelles de travail qu’en Ontario.
Par « durée du travail réelle », on entend la durée du travail (avec heures supplémentaires) moins les absences (vacances, jours fériés, maladie, obligations familiales, personnelles, etc.).
Non seulement les Ontariens ont la semaine brute de travail plus longue, mais en plus ils sont moins absents pour cause de maladie, d’obligations personnelles ou familiales.
UN PROBLÈME D’ABSENCE
Au Québec, la durée des absences « maladie / obligations personnelles, familiales / autres raisons » s’élevait en 2023 à 136,9 heures par travailleur, soit l’équivalent de 19,8 jours de travail perdus sur l’année. C’est 19 heures d’absence de plus par travailleur qu’en Ontario, voire 16,1 % de plus.
Cela explique en grande partie pourquoi, par tête de travailleur québécois, nous sommes globalement parlant moins productifs que le travailleur ontarien.
PIRE DANS LE SECTEUR DE LA SANTÉ
S’il y a un secteur où les absences sont très élevées au Québec, c’est bien celui des « soins santé et assistance sociale ».
Selon Statistique Québec, le nombre d’heures en absences « maladie, incapacité, obligations personnelles, familiales, autres raisons » s’élevait en 2023 à quelque 234,5 heures par tête d’employé dans ce secteur névralgique de la société.
En Ontario, dans le même secteur des « soins santé et assistance sociale » le nombre d’heures de travail perdues pour les mêmes absences atteignait un total de 172,4 heures.
C’est donc dire que notre réseau de la santé et des services sociaux doit composer avec 36 % de plus d’heures d’absences « maladie, incapacité, obligations personnelles, familiales… » par employé que celui de l’Ontario.
D’autre part, là où nos travailleurs dans le secteur « santé et services sociaux » se démarquent « positivement » c’est au chapitre des heures supplémentaires.
Par tête, l’employé québécois a effectué en 2023 un total de 65,7 heures supplémentaires, soit 13,1 heures de plus que l’Ontarien.
Mais au bout du compte, en termes de « durée du travail réelle » sur une année, l’employé québécois travaille quand même 100 heures de moins que l’Ontarien.
Autre constat important. Il s’avère que les absences (pour maladie et diverses obligations) chez les employés du secteur public sont nettement plus élevées que dans le secteur privé.
L’écart est de 63 %, l’employé du public s’absentant en moyenne dans une année 192,2 heures à comparer à 117,8 heures pour l’employé du secteur privé.
En Ontario, l’employé du secteur public s’absente 27 heures de moins que le nôtre et l’employé du privé 13 heures de moins que le Québécois !
ADMINISTRATIONS PUBLIQUES
Qu’en est-il des absences dans nos administrations publiques, c’est-àdire chez nos employés de la fonction publique tant provinciale que fédérale ou municipale ?
Chose certaine, on semble plus « fragiles » qu’en Ontario alors que Statistique Québec dénombre 165,4 heures d’absence par tête de fonctionnaire québécois à comparer à 145 heures par fonctionnaire ontarien.
Au net, en termes de durée du travail réelle sur une année, le fonctionnaire ontarien travaille presque 100 heures de plus que le fonctionnaire québécois.