Le Journal de Montreal

La folie de la surenchère s’empare encore des acheteurs

Les offres multiples restent la norme même sur les maisons moins bien entretenue­s ou avec des rénos à faire

- DAVID DESCÔTEAUX

Malgré la hausse des taux d’intérêt et la difficulté de payer l’hypothèque pour un nombre croissant de propriétai­res, la folie immobilièr­e se poursuit et les vendeurs ont toujours le gros bout du bâton.

Vincent Theoret et sa conjointe ont décidé de vendre la maison familiale, située sur la rive sud de Québec, après leur séparation. Après avoir discuté avec leur courtier, la stratégie était la suivante : afficher un prix légèrement en dessous de celui du marché afin de recevoir plus d’offres et plus de visites.

« Mais on a eu sept visites la fin de semaine suivante et deux offres le dimanche soir, à des prix supérieurs à celui demandé. On demandait 429 000 $ et on a eu 441 000 $ », dit Vincent.

Les deux acheteurs potentiels les ont même laissé décider de la date de prise de possession et n’ont imposé aucune condition.

« C’est encore un marché de vendeurs. Peut-être pas autant que ça l’a déjà été, mais notre maison, il n’y en a pas beaucoup des biens entretenue­s comme ça. Ce qu’il reste sur le marché, c’est souvent soit des propriétai­res qui étaient fumeurs et ça pue épouvantab­lement, ou d’autres qui ont beaucoup de rénovation­s à faire en rentrant », dit cet analyste informatiq­ue âgé de 50 ans.

ENCORE DES OFFRES MULTIPLES

La situation ne surprend pas Marilou Côté, courtière immobilièr­e sur la RiveNord de Montréal. « Je suis en offre multiple encore sur tout ce que je vends. Je viens d’avoir 13 offres pour une maison à Laval qui a pourtant des problèmes de pyrite. Elle va quand même se vendre au-dessus du prix demandé par mon client. Les gens parlaient de marché équilibré, mais c’est encore vendeur », dit-elle.

Le coût élevé des loyers, entre autres, contribue à pousser les gens vers l’achat d’une propriété, dit-elle.

Du côté des acheteurs, même les plus fortunés doivent se serrer la ceinture. Daniel Couture et sa conjointe font un salaire combiné de 300 000 $ et devront quand même revoir leur train de vie à la baisse, après avoir acheté leur cottage à Boischatel.

« Ça fait deux ans qu’on regarde pour une unifamilia­le détachée. Vu que le marché était en feu, on a décidé d’attendre. Les prix sont maintenant plus stables, mais ils sont quand même plus élevés qu’avant », dit-il.

DÉPENSES À RÉDUIRE

Ils ont finalement payé 462 000 $, alors qu’ils visaient un prix maximum de 400 000 $. « On a les moyens, c’est sûr, mais avec les taux d’intérêt élevés, les dépenses discrétion­naires comme les voyages ou les loisirs vont devoir être reportées », dit-il.

Selon les plus récentes données de l’Associatio­n profession­nelle des courtiers immobilier­s du Québec, le prix médian pour une maison unifamilia­le et un condo dans la province sont toujours en hausse, soit de 5% et 3% respective­ment par rapport à l’an dernier.

« JE SUIS EN OFFRE MULTIPLE ENCORE SUR TOUT CE QUE JE VENDS. JE VIENS D’AVOIR 13 OFFRES POUR UNE MAISON À LAVAL QUI A POURTANT DES PROBLÈMES DE PYRITE. » – Marilou Côté, courtière immobilièr­e

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 ?? PHOTOS FOURNIES PAR DANIEL COUTURE ET VINCENT THEORET ?? Daniel Couture (à gauche) a dû débourser plus que prévu pour pouvoir acheter sa maison. Le marché reste encore favorable aux vendeurs comme Vincent Theoret (ci-haut), qui a pu vendre sa maison sur la rive sud de Québec à un prix supérieur à celui qu’il demandait après avoir reçu plusieurs offres sans condition.
PHOTOS FOURNIES PAR DANIEL COUTURE ET VINCENT THEORET Daniel Couture (à gauche) a dû débourser plus que prévu pour pouvoir acheter sa maison. Le marché reste encore favorable aux vendeurs comme Vincent Theoret (ci-haut), qui a pu vendre sa maison sur la rive sud de Québec à un prix supérieur à celui qu’il demandait après avoir reçu plusieurs offres sans condition.

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