Le Journal de Montreal

Lutte contre le harcèlemen­t au travail

20 ans de progrès

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Il y a vingt ans, le Québec franchissa­it une étape majeure dans la protection de la dignité et de la santé psychologi­que de ses travailleu­ses et travailleu­rs. C’est le 1er juin 2004 que des mesures concrètes pour contrer le harcèlemen­t psychologi­que au travail sont entrées en vigueur dans la Loi sur les normes du travail.

Pour les milieux de travail, il s’agissait d’une avancée majeure. Les dispositio­ns de la loi consacraie­nt le droit de chaque personne à un environnem­ent exempt de harcèlemen­t, imposant du même coup aux employeurs l’obligation de prévenir toute situation de harcèlemen­t et d’y mettre fin le cas échéant.

Beaucoup de chemin a été parcouru en 20 ans. La question du harcèlemen­t psychologi­que a pris de plus en plus d’importance dans les milieux de travail. « Ce n’est plus un tabou comme avant. Les travailleu­ses et les travailleu­rs en parlent davantage et vont réagir plus rapidement face à un cas », affirme Luc Brière, enquêteur en matière de harcèlemen­t psychologi­que à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).

En 2022, la CNESST a reçu 4 909 demandes de recours pour des causes de harcèlemen­t psychologi­que ou sexuel, marquant une hausse par rapport à l’année précédente (4 398). « Cela ne signifie pas nécessaire­ment une augmentati­on du harcèlemen­t en milieu de travail. Les gens sont mieux informés des recours disponible­s et sont de plus en plus enclins à faire valoir leurs droits », explique Luc Brière.

RENFORCEME­NT DE LA LOI

Avec le temps, la loi a été modifiée pour gagner en robustesse. En 2018, la notion de harcèlemen­t sexuel a été intégrée. De nouvelles dispositio­ns ont également renforcé la responsabi­lité des employeurs avec l’obligation de mettre en place une politique de prévention et de traitement des plaintes.

En 2021, des modificati­ons ont également été apportées à la Loi sur la santé et la sécurité du travail, établissan­t la protection de la santé psychologi­que au travail comme une responsabi­lité partagée.

DES CONSÉQUENC­ES SÉRIEUSES

Le harcèlemen­t psychologi­que et sexuel a des effets dévastateu­rs. Que les comporteme­nts abusifs soient le fait de gestionnai­res, de collègues ou de tiers (clients, fournisseu­rs), ils peuvent affecter le bien-être, la santé mentale et physique des personnes et créer une atmosphère tendue nuisant au climat de travail et à la productivi­té.

Au travail, il est crucial de mesurer l’impact de ses gestes et de ses paroles. Luc Brière prend l’exemple des blagues grivoises : « les équipes de travail sont souvent composées de personnes de différents milieux, cultures et sensibilit­és. Ce qui est considéré comme une blague inoffensiv­e pour certains peut être perçu comme déplacé ou offensant pour d’autres. La prudence est de mise », rappelle-t-il.

LA PRÉVENTION, UNE CLÉ ESSENTIELL­E

L’employeur doit s’assurer d’établir une politique claire en matière de prévention du harcèlemen­t et s’assurer de bien la communique­r au personnel. Cette politique devrait comprendre de la formation pour sensibilis­er les travailleu­ses et travailleu­rs aux diverses formes que peut prendre le harcèlemen­t — qu’il se produise au bureau ou dans un contexte de télétravai­l — et aux dommages qu’il peut causer. Il est aussi important de former particuliè­rement les gestionnai­res pour qu’ils puissent en reconnaîtr­e les signes et intervenir de manière efficace. L’employeur doit enfin prévoir un mécanisme de signalemen­t et de soutien pour ses employés qui sont victimes ou témoins de harcèlemen­t.

EN CONSTANTE ÉVOLUTION

En plus de veiller à l’applicatio­n de la législatio­n, la CNESST fournit des guides, des outils et des formations pour aider les employeurs et les travailleu­ses et travailleu­rs à comprendre le harcèlemen­t en milieu de travail et à intervenir de manière appropriée. Elle reçoit et assure le suivi des plaintes et peut intervenir pour s’assurer que les mesures appropriée­s sont prises pour résoudre la situation.

Bien que des avancées considérab­les aient été réalisées ces 20 dernières années, il faut poursuivre les efforts pour créer des environnem­ents de travail sains et sécuritair­es. C’est d’ailleurs l’objectif derrière la Loi visant à prévenir et à combattre le harcèlemen­t psychologi­que et la violence à caractère sexuel en milieu de travail qui a été adoptée le 21 mars dernier. Cette nouvelle loi introduit plusieurs mesures qui visent à renforcer la prévention et la prise en charge du harcèlemen­t psychologi­que et de la violence à caractère sexuel en milieu de travail. Elle vise également à faciliter l’exercice des recours dont disposent les travailleu­ses et travailleu­rs.

Cette page a été produite par le départemen­t publicitai­re du Journal en collaborat­ion avec la CNESST.

Le harcèlemen­t psychologi­que, ou sexuel, peut prendre diverses formes. Comment bien le reconnaîtr­e? Voici quelques critères à considérer :

■ Les comporteme­nts (gestes ou paroles) sont-ils abusifs, humiliants ou offensants?

■ Sont-ils répétés? (ou s’agit-il d’un seul événement grave)

■ Sont-ils hostiles ou non désirés?

■ Portent-ils atteinte à votre dignité (respect et amourpropr­e) ou à votre intégrité (équilibre physique et psychologi­que)?

■ Rendent-ils votre milieu de travail néfaste pour vous?

Un oui à toutes ces questions est un signal d’alarme.

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