Le Journal de Montreal

Louis Morissette, le roi magané de la montagne

À 50 ans, le producteur lance son premier spectacle solo d’humour,

- RAPHAËL GENDRON-MARTIN Sous pression

Il a beau sortir avec la femme la plus populaire du Québec et avoir une carrière très enviable de producteur, Louis Morissette est magané. Dans un premier spectacle solo en carrière, qui a parfois les airs d’une conférence, l’artiste et homme d’affaires de 50 ans se montre vulnérable et sincère. Et avec l’arrogance qu’on lui connaît, il en profite aussi pour écorcher certaines personnes au passage.

En 80 minutes sur la scène de la Cinquième salle de la Place des Arts, « l’humoriste de la relève quinquagén­aire » met ses cartes sur table et se dévoile comme un livre ouvert.

Parce que le récit de sa vie est quand même constitué d’éléments dramatique­s (sa soeur est atteinte de paralysie cérébrale, il a eu des controvers­es avec le Bye Bye et son beau-père a été emprisonné), on ne rit pas constammen­t à gorge déployée.

GUY CLOUTIER

D’abord, réglons le cas de Guy Cloutier. Oui, Louis Morissette aborde le moment où Véro et lui ont appris la nouvelle de son arrestatio­n. Mais ce moment ne dure qu’une minute, tout au plus.

Alors que Morissette détaille en long et en large d’autres moments moins signifiant­s de sa vie, on se surprend à vouloir l’entendre davantage sur ce scandale qui avait choqué le Québec en 2004.

« Véro s’en va au sous-sol avec les policiers, moi je m’en vais faire manger notre petite fille de 15 mois, raconte-t-il. À ce momentlà, j’entends un cri que je n’oublierai jamais de ma vie. C’est comme de la douleur, de la souffrance à l’état pur. Son père venait de se faire arrêter. On comprend rien. On n’a jamais, nous, entendu parler de ça avant cette minute-là. Notre monde s’écroule... »

AUTODÉRISI­ON

Plus tôt dans le spectacle, Louis Morissette raconte longuement sa première rencontre avec Véro et leur début de fréquentat­ion.

Montrant à l’écran plusieurs coupures de journaux, qui parlaient toujours de lui comme du « chum de Véro », Morissette fait preuve de beaucoup d’autodérisi­on.

« Véro qui lâche Patrick Huard pour Louis Morissette, c’est comme si je dis que la fille a laissé Paul McCartney pour Sylvain Cossette. Je suis la version Wish de Patrick Huard. »

Visiblemen­t toujours amer du traitement que lui ont réservé certains médias dans sa carrière, notamment avec les différente­s controvers­es des Bye Bye, Louis Morissette écorche à quelques reprises Pierre Karl Péladeau et Julie Snyder.

En parlant abondammen­t de sa vie personnell­e et profession­nelle, Louis Morissette nous donne parfois l’impression d’assister à une conférence de type TED Talk sur les façons de rebondir après des revers.

Rares sont les humoristes qui partagent à ce point leur vie, photos à l’appui. Il faut dire que la relation de Louis et Véro est scrutée à la loupe par les médias et le public depuis plus de 20 ans.

Il procure les plus gros fous rires à l’assistance en fin de parcours, lorsqu’il parle des effets secondaire­s des médicament­s qu’il prend pour l’anxiété et de la fois où il s’est disloqué l’épaule en pleine nuit.

« J’ai beau être en haut du manège, je ne me sens pas comme le roi de la montagne », dit celui qui a reçu plusieurs coups dans sa vie et qui s’est toujours relevé avant le KO final.

Même si l’amertume dans certains de ses propos est apparente, et qu’il envoie plusieurs flèches bien senties aux médias de Québecor, Louis Morissette s’avère juste assez divertissa­nt pour nous faire passer malgré tout une belle soirée.

 ?? PHOTO MARTIN ALARIE ?? Louis Morissette sur scène lors de la présentati­on de son premier one-man-show en carrière, jeudi, à Montréal.
PHOTO MARTIN ALARIE Louis Morissette sur scène lors de la présentati­on de son premier one-man-show en carrière, jeudi, à Montréal.

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