Le Journal de Montreal

ET SI LE 1er CHOIX ALLAIT AU PLUS MÉRITANT ?

Le Journal a refait les deux derniers repêchages avec la réglementa­tion de la nouvelle ligue féminine

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Qui aurait repêché Connor Bedard au premier rang ? Le Canadien aurait-il eu l’occasion de sélectionn­er Juraj Slafkovsky ? Lorsque la Ligue profession­nelle de hockey féminin (LPHF) a annoncé la procédure qu’elle utilisera pour déterminer l’ordre de sélection de son prochain repêchage, la tentation était forte de ne pas transposer cette réglementa­tion aux deux dernières séances de la LNH. Juste pour voir.

Selon la réglementa­tion de la LPHF, les points de classement récoltés une fois qu’une équipe est mathématiq­uement exclue des séries, et après la date limite des transactio­ns, s’accumulent dans un classement servant à déterminer laquelle obtiendra le premier choix. Pas de loterie, pas de boules de ping-pong. Tu gagnes, tu repêches en premier.

Puisque seulement deux formations sont exclues des séries dans la LPHF, l’incidence n’est pas très grande. Ça risque de bouger plus dans un circuit où 16 équipes sont laissées de côté.

Les partisans de la théorie du complot qui ont accusé les Blackhawks d’avoir volontaire­ment sabordé leur équipe pour obtenir le premier choix et ainsi mettre la main sur Connor Bedard seront heureux d’apprendre que, selon cette formule, ils auraient repêché au cinquième rang.

Ce sont les Blue Jackets de Columbus, avec une récolte de 10 points en 13 rencontres qui auraient repêché le jeune prodige.

Les Ducks d’Anaheim auraient subi la plus grande dégringola­de, passant du 2e au 14e rang. Pas de Leo Carlsson pour une équipe incapable de gagner un seul de ses 12 derniers matchs de la saison.

2022 : LE CH AURAIT PARLÉ CINQUIÈME

D’ailleurs, se faire sortir de la course le plus près possible de la date limite des transactio­ns ne serait pas nécessaire­ment un gage de succès. Le Canadien de 2022 en est la plus belle preuve.

Exclu officielle­ment le 25 mars, le Tricolore a disputé 18 matchs à compter de cette date. Cinq de plus que les Sénateurs qui auraient parlé en premier au Centre Bell et sept de plus que les Sabres, qui auraient été les deuxièmes à monter sur le podium.

Kent Hughes aurait dû faire une croix sur Juraj Slafkovsky. Le gros Slovaque n’aurait probableme­nt pas été disponible au cinquième rang.

Récompense­r les plus performant­s, couronner le champion des perdants. Ce n’est pas une mauvaise idée. C’est même noble. Les partisans y trouveraie­nt assurément leur compte. C’est beaucoup plus plaisant d’encourager son équipe favorite à gagner que de souhaiter la voir perdre.

Sauf que les directeurs généraux étant de saprés ratoureux, il s’en trouverait assurément pour déjouer la patente. On le voit avec les joueurs placés sur la liste des blessés à long terme qui reprennent vie comme l’Undertaker quand les séries s’amorcent.

ÉTIRER L’ÉLASTIQUE

Dans ce cas-ci, n’y aurait-il pas le danger qu’un DG vide son club plus tôt dans la saison avant de le renflouer avec des vétérans de location à la date limite des transactio­ns ? Ou que les fameux blessés mentionnés au paragraphe précédent reviennent au jeu miraculeus­ement à l’exclusion de leur équipe?

Disons que les années où un Sidney Crosby, un Connor McDavid ou un Bedard est admissible, ça pourrait être tentant pour les équipes qui sont sur la ligne et sur la pente descendant­e de bizouner et d’étirer l’élastique de la réglementa­tion le plus possible.

Au moins, avec la loterie, il y a toujours une part d’incertitud­e.

En 2014-2015, les Sabres s’étaient départis de quelques jeunes vétérans dans l’espoir de sélectionn­er McDavid. Ils avaient bel et bien terminé au dernier rang. Toutefois, ce sont les Oilers qui avaient gagné la loterie.

LA PLACE DES ESPOIRS

Par ailleurs, on voit souvent des formations éliminées offrir quelques matchs aux espoirs de leur organisati­on. Est-ce qu’inciter les équipes à gagner jusqu’à la toute fin viendrait retarder leur début dans la LNH ? Pas nécessaire­ment.

Habituelle­ment, ces jeunes viennent disputer trois ou quatre rencontres à la toute fin du calendrier, au moment où le sort de toutes les équipes en est pas mal jeté.

Dans certains cas, même, cette jeunesse amène de la vigueur à des vétérans un peu blasés. À Nashville, par exemple, les Predators sont demeurés dans la course jusqu’à deux matchs de la fin du calendrier en 20222023 grâce à la fougue de certains jeunes comme Luke Evangelist­a et Philip Tomasino, rappelés dans les dernières semaines.

Des jeunes qui jouent non seulement pour leur propre avenir, mais aussi pour celui de l’organisati­on, ça pourrait produire de belles choses.

Connaissan­t les bonzes du hockey et leur esprit plutôt conservate­ur, ce n’est pas demain la veille qu’on risque de voir un changement de ce côté. Et comme il y aura toujours moyen de tricher ou de fausser les données, vaut peut-être mieux garder le statu quo et laisser une part du résultat au hasard.

Mais ça valait le coup de faire l’exercice. Juste pour voir.

 ?? PHOTOS D’ARCHIVES, AGENCE QMI ET AFP ?? Avec le premier choix au repêchage de 2022, le Canadien de Montréal avait sélectionn­é Juraj Slafkovsky. L’an dernier, les Blackhawks de Chicago ont gagné la loterie Connor Bedard.
PHOTOS D’ARCHIVES, AGENCE QMI ET AFP Avec le premier choix au repêchage de 2022, le Canadien de Montréal avait sélectionn­é Juraj Slafkovsky. L’an dernier, les Blackhawks de Chicago ont gagné la loterie Connor Bedard.
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PHOTO D’ARCHIVES, AFP L’état-major du Canadien, rassemblé à la table de l’équipe, lors du dernier repêchage de la LNH en juin dernier, à Nashville.
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Connor Bedard

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