Leur beau projet de coop tassé pour des logements pour aînés
Dix-sept citoyens voulaient créer 60 loyers adaptés aux grandes familles
Un projet de coopérative d’habitation monté par des citoyens et qui se trouve dans les cartons depuis cinq ans a été balayé par la Mission Unitaînés, annoncée en grande pompe le mois dernier par le fédéral et le provincial.
« Je ne peux plus déménager et trouver un appartement assez grand pour moi et mes enfants parce que les loyers au privé sont trop chers dans le quartier ! Cette coopérative, elle serait venue répondre à mes besoins et à ceux de beaucoup de familles dans Mercier-Est », s’insurge Yasmina Borki, une mère monoparentale de 35 ans.
Elle fait partie d’un groupe de 17 personnes qui souhaitaient fonder la coopérative d’habitation « L’espoir de l’Est », qui aurait compris 60 grands appartements sur un terrain réservé pour des logements sociaux.
Mais leur projet tombe finalement à l’eau puisque l’organisme à but non lucratif (OBNL) Mission Unitaînés annoncera dans les prochains jours la construction de 100 logements abordables pour les personnes aînées, a appris Le Journal.
En février, les gouvernements du provincial et du fédéral avaient annoncé se lancer dans la course à la construction rapide de 1000 logements abordables pour les aînés en 24 mois avec l’aide du Groupe Maurice.
MANQUE DE FINANCEMENT
Au départ, près de 80 logements abordables devaient être érigés sur le terrain situé sur le vaste projet des Cours Bellerive par le promoteur Prével. Mais faute de financement du provincial, la construction n’a pas eu lieu.
Après deux ans, le terrain a été cédé à l’Arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et la Ville de Montréal pour 1 080 000 $, plus les taxes, en janvier 2024.
Les organismes et les citoyens se réjouissaient de cette acquisition, espérant ainsi voir le projet de coop sortir de terre, explique Lili Bergeron, organisatrice communautaire chez Infologis de l’Estde-l’Île-de-Montréal. L’organisme aidait les citoyens à monter la coopérative.
Alors, l’arrivée d’un plus gros joueur a amené une énorme déception.
« Ce n’est pas le projet en tant que tel qui n’est pas bon, mais c’est la manière dont ça s’est fait, explique-t-elle. Les citoyens ont travaillé fort pour mettre sur pied un projet qui leur ressemble et qui est adapté au quartier, c’est déplorable de voir qu’un groupe débarque sans consulter personne. »
PROGRAMME NON ADAPTÉ
Pour cette dernière, cela prouve également que le nouveau Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) ne permet pas aux projets issus de la communauté de se réaliser.
« Le nouveau programme du gouvernement caquiste a été pensé pour permettre aux promoteurs privés de construire du logement neuf », déplore Lili Bergeron.
« J’ai l’impression que c’est un gros soulier qui vient d’écraser un nid de fourmis. C’est une course au terrain et les projets issus de la communauté sont clairement perdants », poursuit-elle.