Le syndrome de La Havane serait lié au renseignement russe
AFP | Le mystérieux syndrome de La Havane, subi depuis plusieurs années par des dizaines de diplomates américains, est en lien avec une unité du renseignement russe, selon une enquête internationale de plusieurs médias publiée hier.
Dès 2016, des diplomates américains et canadiens en poste à Cuba ont dit être frappés de troubles, nommément migraines, vertiges, nausées, troubles de la vision…
Ces « incidents anormaux de santé », selon la terminologie employée aux ÉtatsUnis, ont ensuite été signalés ailleurs dans le monde (Chine, Allemagne, Australie, Russie, Autriche) et même à Washington.
L’affaire avait entraîné dès le début de vastes spéculations sur son origine. Certains responsables américains ont minimisé au départ les symptômes parfois attribués au stress, d’autres évoquant en privé de possibles attaques et soupçonnant déjà des pays comme la Russie.
Le renseignement américain avait lui estimé en mars 2023 « très improbable » qu’une puissance étrangère ou une arme soit à l’origine des troubles mystérieux.
Interrogé à ce sujet, le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, s’est refusé à commenter directement l’enquête, mais a affirmé que le département d’État et la communauté du renseignement continuaient de juger improbable une origine étrangère.
« Depuis mars 2023, la communauté du renseignement est parvenue à la conclusion générale qu’il est peu probable qu’un adversaire étranger soit à l’origine de ces incidents anormaux de santé », a déclaré M. Miller aux journalistes.
DES « ARMES À ÉNERGIE DIRIGÉE »
Mais selon une enquête publiée par le journal russe indépendant The Insider ,le magazine allemand Der Spiegel et la chaîne américaine CBS, ces diplomates ont pu être la cible d’une arme sonique de la Russie.
L’enquête, qui a duré plus d’un an, dit avoir « découvert des éléments suggérant que ces incidents anormaux de santé […] pourraient provenir de l’utilisation d’armes à énergie dirigée, maniées par des membres de l’unité 29155 » du GRU, le service de renseignement militaire russe.
L’unité 29155 est chargée des opérations à l’étranger et s’est déjà retrouvée au centre de plusieurs affaires, accusée notamment de la tentative d’empoisonnement de l’ancien espion russe Sergueï Skripal au Royaume-Uni en 2018.
« Leur champ d’action est mondial pour la conduite d’opérations létales et d’actes de sabotage », a déclaré à The Insider un ancien haut responsable de la CIA, agence américaine de renseignement.
Moscou a rejeté hier cette enquête comme « sans fondement ».