Évangile selon saint Pierre (Poilievre)
Il est grand, le fossé qui sépare la gauche laïque de la droite religieuse en politique.
Est-ce un hasard si, dans la même semaine, Donald Trump se lance dans la vente de bibles et que Pierre Poilievre monte en chaire pour prêcher le mystère de Pâques ?
JÉSUS COMME FONDS DE COMMERCE
Il est de bon goût pour les politiciens de souligner les fêtes religieuses de tout un chacun. Au Canada, les fêtes chrétiennes sont d’autant plus importantes qu’elles font partie du patrimoine et des traditions de la majorité.
Cependant, le chef conservateur, Pierre Poilievre, s’est surpassé dans son message à l’occasion de Pâques, dimanche dernier.
Il ne s’est pas contenté de souligner la fête chrétienne. Il a plutôt décidé d’en faire une homélie en qualifiant Jésus-Christ de NOTRE dieu, NOTRE sauveur, qui a payé de sa vie pour NOS péchés, puis est ressuscité pour nous donner espoir dans la vie éternelle.
Avouons que ça va pas mal plus loin qu’un « Joyeuses Pâques » bien senti.
DES VALEURS QUI ORIENTENT LES POLITIQUES
Or, la proximité entre la droite conservatrice et la religion n’a rien d’inoffensif et devrait servir d’avertissement à qui voudrait rejeter ces bondieuseries du revers de la main.
Le recul marqué du droit à l’avortement et le retour en force des préjugés homophobes et transphobes chez nos voisins du Sud devraient servir de mise en garde.
L’ancien président Trump, qui vend aujourd’hui des bibles à 59,99 $ US pour financer sa campagne électorale, est responsable de la nomination à la Cour suprême américaine des juges ultraconservateurs qui ont renversé l’arrêt Roe c. Wade, qui protégeait le droit à l’avortement.
Au Canada, la question de l’avortement a été remise en question à plus d’une reprise par des projets de loi conservateurs, notamment ceux de la députée Cathay Wagantall. Sous Pierre Poilievre, la frange religieuse du parti ne prendrait certainement pas une moins grande place à Ottawa.