Le Journal de Montreal

Près de 20 % plus d’employés chez Hydro qu’il y a quatre ans

Le nombre de travailleu­rs augmente alors que le service à la clientèle se dégrade

- DAVID DESCÔTEAUX

Au moment où le ministre Fitzgibbon demande à HydroQuébe­c et aux autres sociétés d’État de réduire leurs dépenses, les chiffres montrent que la société d’État compte près de 20 % plus d’employés permanents aujourd’hui qu’en 2019.

Selon le plus récent rapport annuel d’Hydro-Québec, les employés permanents sont passés de 16 977 à 19 841 entre 2019 et 2023. Le nombre d’employés temporaire­s a suivi la même tendance, ce qui fait que l’effectif total d’Hydro-Québec est passé de 19 477 à 22 806 depuis quatre ans, une hausse de 17,1 % ou de 3329 employés de plus.

Québec a récemment demandé aux sociétés d’État d’identifier l’équivalent de 1 milliard $ sur quatre ans en réduction de dépenses afin de contribuer au retour à l’équilibre budgétaire. « Il y a toujours moyen, je pense, de réduire et c’est vrai partout au gouverneme­nt », a par ailleurs affirmé le ministre de l’Économie et de l’Énergie Pierre Fitzgibbon dans un point de presse le 18 mars dernier.

SERVICE « PAS AU RENDEZ-VOUS »

Cette hausse des effectifs se produit alors que le service à la clientèle, lui, connaît des ratés. Le nouveau PDG Michael Sabia l’a lui-même reconnu à son arrivée en poste, affirmant que le service d’Hydro n’était « pas au rendez-vous ».

Le Journal avait d’ailleurs montré en novembre dernier que près de 500 clients d’Hydro attendaien­t depuis plus de deux ans pour être branchés, un record.

La durée des pannes a également plus que doublé en un an. Enfin, le rapport de la vérificatr­ice générale du Québec en décembre 2022 montrait que, depuis 2012, la durée moyenne des pannes par client alimenté avait augmenté de 63 %, et le nombre de pannes, de 16 %.

Les PME, pour leur part, trouvent inéquitabl­e cette situation.

« Une augmentati­on de 17 %, c’est gros. Surtout quand on sait que la rémunérati­on est plus généreuse que les entreprise­s comparable­s. Je pense qu’une sérieuse réflexion de fond et des actions pour améliorer l’efficience de la société d’État sont de mise », dit François Vincent, qui dirige la Fédération canadienne de l’entreprise indépendan­te (FCEI).

Ce dernier trouve également « choquant » que cette nouvelle tombe au moment où les augmentati­ons des tarifs d’électricit­é pour les PME sont les plus élevées en 25 ans, soit de 6,4 % en 2023 et de 5,1 % en 2024.

« Dans le contexte économique plus que difficile pour nos petites entreprise­s, tout cela n’est pas rassurant », dit-il.

MANQUE DE TRANSPAREN­CE

Le Journal a d’ailleurs tenté de savoir si le service à la clientèle s’était amélioré depuis l’arrivée en poste de M. Sabia, notamment pour ce qui est des clients en attente d’un branchemen­t.

Mais après 44 jours, Hydro-Québec refuse toujours de répondre, arguant que « la charge de travail pour effectuer les calculs et compiler l’informatio­n s’est avérée très importante ».

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PHOTO D’ARCHIVES Des travailleu­rs d’Hydro-Québec assistaien­t à une visite ministérie­lle sur le chantier du barrage la Romaine en 2017.

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