Des bacs semi-enfouis pour avoir une ville propre
Creuser le sol permet de garder les déchets au frais et ainsi de limiter les odeurs
Des bacs à déchets à demi enfouis pourraient-ils éviter les dépôts sauvages et les sacs orphelins qui jonchent le sol et enlaidissent un quartier ?
C’est ce que propose Guylaine Duchesne, la propriétaire du restaurant Végo (l’ancien Commensal) sur la rue Saint-Denis, dans le Quartier latin, ce quartier touristique à haute densité en restos et en résidents.
Je suis allé marcher avec elle près de son commerce.
« Dans les HLM des Habitations JeanneMance juste à côté, les bacs demi-enfouis ont réglé le problème. Les résidents vont y déposer leurs déchets quand ils veulent et ça ne sent plus », se réjouit Mme Duchesne qui me montre le dispositif qu’elle aimerait trouver ailleurs dans son quartier.
« Pourquoi la Ville n’utiliserait-elle pas ce système si simple ? », se demande la restauratrice, qui paie plus de 1000 $ par mois pour faire vider une fois par semaine les bacs qui jouxtent sa terrasse arrière.
Dans la ruelle qui débouche sur la rue Émery, des bacs s’entassent comme des sardines, cadenassés pour empêcher les résidents d’y mettre leurs sacs.
« Pour ma part, je laisse mes bacs déverrouillés, même si c’est moi qui paie, sinon les gens font juste laisser leurs sacs autour », se désole-t-elle.
PLUS BESOIN DU JOUR DE POUBELLE
Par contraste avec les bacs « hors terre » auxquels nous sommes habitués, qui cuisent au soleil et propagent un arôme, ceux creusés sont naturellement réfrigérés par la géothermie.
Lorsque ces réceptacles creusés sont munis d’un capteur qui avertit quand c’est le temps de les vider, le jour des poubelles peut alors disparaître. C’est déjà le cas un peu partout à Amsterdam. Chacun va jeter ses sacs quand il veut dans un conteneur semi-enfoui.
Les déchets y sont à l’abri de la vermine. Quand c’est assez plein, la Ville est avertie par un signal automatique émis par le bac. Un camion vient alors vider le sac étanche.
Fini, là-bas, donc, le camion rugissant à la mâchoire de fer que nourrissent des hommes en sueur et essoufflés qui courent.
UNE IDÉE QUI CHEMINE
« J’ai vu des bacs à demi enfouis à Porto [au Portugal] devant mon hôtel l’automne dernier et c’était très impressionnant… parce que ça évite que des gens laissent leurs sacs traîner pendant des jours entre les collectes et ça évite les odeurs », raconte Michel Lavallée, le proprio du pub L’Île Noire.
Une compagnie québécoise, Conteneurs Totem, se targue de fabriquer des bacs semi-enfouis à 100 % ici à Sherbrooke.
« C’est une technologie plus subtile qu’elle semble au premier abord », me dit Paul Ouahmane, le PDG.
« Le secret, c’est que le sac étanche s’ouvre par en bas, grâce à un dispositif, et se vide ainsi sans qu’on doive le renverser. Les déchets les plus anciens tombent ainsi les premiers sans déverser leurs jus sur les déchets les plus frais au-dessus et sans couler sur la partie supérieure du sac. »
Le souhait de Mme Duchesne et de M. Lavallée sera-t-il entendu ?