Pas d’enquête sur un drapeau d’une organisation terroriste
L’étendard a été brandi lors de manifestations pro-Palestine dans les derniers mois
Le Service de police de la Ville de Québec a refusé d’ouvrir une enquête après que le drapeau d’une organisation terroriste eut été brandi lors d’une manifestation pro-Palestine, la semaine dernière.
Selon les photos que nous avons pu consulter, le drapeau du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) a été agité par un manifestant masqué à au moins trois reprises lors de manifestations dans le Vieux-Québec, au cours des derniers mois, dont le 24 mars.
Cette organisation, à qui on attribue plusieurs attentats depuis les années 1970, est listée par le Canada comme entité terroriste (voir encadré).
Le 28 mars, un résident du Vieux-Québec a porté plainte au Service de police de la Ville de Québec (SPVQ), inspiré par un dossier similaire survenu le 7 janvier en Ontario.
Un homme de 41 ans, Maged Sameh Hilal Al Khalaf, a été arrêté par la police de Toronto et accusé d’incitation publique à la haine contre la communauté juive pour avoir brandi un drapeau du FPLP.
« La haine et l’intimidation n’ont pas de place dans notre ville », a déclaré le chef de la police de Toronto, Myron Demkiw.
« INACCEPTABLE »
Le résident qui a déposé une plainte au SPVQ va dans le même sens.
« Je ne dénonce pas que des militants pro-Palestine manifestent dans la rue. Ça a sa place d’exprimer son mécontentement dans une société démocratique comme la nôtre. C’est la promotion d’une organisation reconnue comme terroriste […] qui est inacceptable », nous a confié l’homme qui souhaite demeurer anonyme par crainte de représailles.
Le SPVQ a décidé de ne pas ouvrir d’enquête et de transférer l’information reçue aux renseignements criminels.
Une décision qui déçoit vivement le plaignant. « Si la police de Toronto a jugé l’affaire suffisamment sérieuse, il y avait matière pour que les policiers de notre capitale nationale fassent de même », dit-il.
Une porte-parole de Palestine Québec, qui n’a pas voulu s’identifier, a indiqué que son organisation n’avait pas le « contrôle de qui amène quoi » dans ses manifestations et que ses dirigeants n’avaient jamais remarqué la présence du drapeau du FPLP à ce jour.
« En tant qu’organisme, personne ne ferait ça. Ça serait se tirer dans le pied », a-t-elle indiqué.
UNE ORGANISATION TRÈS ACTIVE
Allié du Hamas, le FPLP a été accusé par Israël de détenir des otages de l’attaque du 7 octobre dernier, accusation qui n’a pu être corroborée de manière indépendante.
Selon le politologue spécialiste du Moyen-Orient Sami Aoun, le FPLP est une organisation toujours bien active de nos jours, même si sa création remonte à la fin des années 1960.
« Dans l’approche canadienne, c’est un groupe terroriste non seulement en raison de son passé, mais aussi de ses alliances avec un pays considéré comme un État paria, l’Iran, et avec le Hamas, un groupe aussi considéré comme terroriste », poursuit M. Aoun.