L’arrivée d’injections supervisées en prison décriée par les agents
AGENCE QMI | Les agents correctionnels du pénitencier de Drummondville dénoncent vivement l’ouverture d’un service d’injection supervisée, alors que Service correctionnel Canada a rendu le Service de prévention des surdoses (SPS) disponible la semaine dernière.
« On n’est aucunement en accord avec ça », a indiqué le président régional du Syndicat des agents correctionnels du Canada-CSN, Mike Bolduc. Il peine à concevoir que la consommation de drogues illégales et qui entrent de manière clandestine au pénitencier soit tolérée.
« La livraison de drogue par drones, c’est un fléau qu’on vit actuellement dans les centres de détention au Canada. Dès qu’une personne est acceptée sur le programme d’injection supervisée, elle aura droit à une immunité qui va lui permettre d’aller au centre de santé pour consommer la substance obtenue illégalement. »
« La majorité des détenus sont incarcérés par rapport à des infractions reliées à la drogue. Il y a des victimes là-dedans qui doivent se dire que c’est une aberration. Eh bien elles ont raison, c’est une aberration. Service correctionnel Canada et le gouvernement acceptent que ces détenus-là s’injectent de la drogue qui provient de l’extérieur et de la contrebande », a poursuivi M. Bolduc.
TRAITEMENT DE SANTÉ
Service correctionnel Canada (SCC), pour sa part, présente le service comme un traitement de santé. D’ailleurs, il qualifie les détenus qui bénéficient du SPS de patients.
Selon le SCC, le but du service est de « prévenir les décès par surdose en veillant à ce que des professionnels de la santé soient présents pour pouvoir intervenir en cas d’urgence médicale. En outre, le SPS permet de déployer des efforts continus afin de réduire la transmission des maladies infectieuses, de réduire la fréquence des infections cutanées et de faciliter les aiguillages vers d’autres services et programmes de soins de santé. »
« PLUS SÉCURITAIRE »
Cactus Montréal, un organisme qui opère un service d’injection supervisée dans la métropole, a agi à titre de formateur auprès de l’équipe d’infirmières au pénitencier de Drummondville.
Alex Berthelot, directeur des services à la communauté pour l’organisme, voit lui aussi ce service offert aux détenus comme un soin de santé.
« Quand on dit qu’il n’est pas supposé y avoir de drogue en prison, eh bien il n’est pas supposé en avoir à l’extérieur non plus. Que ce soit en prison ou dans la rue, c’est illégal. Alors c’est une question de pragmatisme, les gens vont trouver des moyens de consommer d’une façon ou d’une autre alors on est aussi bien de mettre en place des moyens pour que les personnes puissent le faire de façon plus sécuritaire. »
Le Service de prévention des surdoses est en place dans trois autres pénitenciers canadiens actuellement et au total 96 « patients » ont été approuvés.