Le Journal de Montreal

Trudeau vient de coincer Legault

Aux abois dans les sondages, Justin Trudeau ressort la plus vieille stratégie de toutes : il tentera d’acheter des votes avec notre propre argent.

- Joseph.facal@ quebecorme­dia.com

Son problème, c’est que les responsabi­lités fédérales passent dix mille pieds par-dessus la tête de l’électeur ordinaire.

On ne gagne pas des élections en faisant plus et mieux avec l’armée canadienne, l’émission des passeports ou les ambassades à l’étranger.

INTRUSIONS

Ce qui rapporte vraiment des votes, c’est ce qui touche le quotidien des gens : de l’argent dans leurs poches, un toit sur la tête, de la nourriture dans le ventre.

Mais ce problème n’en est plus un si Ottawa décide que le partage des responsabi­lités entre le gouverneme­nt central et les provinces ne tient plus.

Et c’est exactement ce que fait Trudeau avec ses initiative­s annoncées ces derniers jours : repas pour les enfants, droits des locataires, soins dentaires, etc.

Tout cela relève normalemen­t des provinces, mais Trudeau sait parfaiteme­nt que le commun des mortels se fout des responsabi­lités constituti­onnelles et ne veut que du concret et de l’immédiat.

En science politique, un régime fédéral est un système de partage des pouvoirs entre un gouverneme­nt central et des gouverneme­nts régionaux, fondé sur la coordinati­on entre entités indépendan­tes dans leurs champs respectifs, et dans lequel chacun a les moyens fiscaux d’assumer ses rôles.

Il y a donc longtemps que le régime canadien n’est plus authentiqu­ement fédéral.

Il faudrait appeler « canadianis­tes » et non plus « fédéralist­es » les partisans du maintien du Québec dans le Canada.

Cette nouvelle flambée de dépenses de Trudeau survient au moment où l’endettemen­t fédéral est déjà à un niveau stratosphé­rique.

Ce même électeur qu’on espère séduire avec des bonbons ne voit généraleme­nt pas que cet endettemen­t fédéral, c’est aussi le sien, et qu’il le paiera quand Ottawa devra couper dans ses services.

Beaucoup ont cru et croient encore

Il est ironique que cette nouvelle offensive d’Ottawa survienne alors que le gouverneme­nt du Québec prétend non seulement pouvoir protéger son autonomie, mais être aussi capable de faire des gains dans le Canada actuel.

que l’appartenan­ce du Québec au Canada nous protège.

Désolé, mais si on a des yeux pour voir, le Canada ne nous protège plus, il nous menace.

Dites cela et il s’en trouvera encore pour ressasser les litanies de toujours.

Quoi, vous pensez vraiment que la souveraine­té du Québec réglerait tous nos problèmes ?

J’aimerais qu’on me montre la personne qui soutient vraiment cela.

Quoi, quitter le Canada quand on voit l’état de notre système de santé ?

Les systèmes de santé craquent partout en Occident, et la réduction progressiv­e de la part de la facture payée par Ottawa explique une partie de nos difficulté­s.

Et si l’indépendan­ce était une récompense pour les peuples sans problèmes, combien y aurait-il de pays dans le monde ?

TROISIÈME VOIE ?

Il est ironique que cette nouvelle offensive d’Ottawa survienne alors que le gouverneme­nt du Québec prétend non seulement pouvoir protéger son autonomie, mais être aussi capable de faire des gains dans le Canada actuel.

C’était la promesse de cette troisième voie que la CAQ prétendait incarner.

On fait quoi maintenant, M. Legault ?

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