Le Journal de Montreal

Trois Québécois meurent chaque semaine en faisant du sport ou un loisir

- – Avec Mathieu-Robert Sauvé

LE JOURNAL | Près de 140 personnes meurent chaque année en pratiquant une activité de loisir ou un sport, l’équivalent d’un peu moins que trois Québécois par semaine, révèle une récente étude menée par des chercheurs d’ici.

Les accidents de VTT et de motoneige coûtent la vie à 53 personnes par an en moyenne, soit 40 % de tous ces décès, selon l’étude du ministère de l’Éducation et de l’Université Laval parue récemment dans la revue Injury Prevention.

Philippe Richard, premier auteur de l’enquête, considère que ce type d’accident constitue un problème de sécurité publique auquel il faut s’attaquer. Le chercheur de la Direction de la sécurité dans le loisir et le sport au ministère de l’Éducation du Québec a analysé avec son équipe 2234 décès ayant fait l’objet d’un rapport du Bureau du coroner entre 2006 et 2019.

La baignade (286 décès), le vélo (274) et les loisirs nautiques motorisés (151) sont les activités les plus mortelles sur cette période. Les noyades sont les causes de la mort dans 39 % des cas.

PRUDENCE ET FORMATION

Ces nouvelles données sur les accidents mortels lors de sorties sportives ou de plein air n’étonnent pas Pierre Gaudreault, directeur général d’Aventure Écotourism­e Québec, qui regroupe 240 organismes consacrés à la pratique d’activités de plein air.

« Les gens s’aventurent souvent dans nos grands espaces et dans les plans d’eau sans avoir la formation nécessaire, avec de l’équipement inadéquat ou sans avoir engagé des guides compétents », déplore-t-il.

Les trois motoneigis­tes décédés en Gaspésie le 26 mars auraient peut-être évité la mort s’ils avaient suivi une formation sur les risques d’avalanche dans le secteur où ils ont été emportés, donne-t-il pour exemple.

On trouve aussi de téméraires victimes de chutes en escalade ou noyées après être tombées de leur planche à surf. Le simple port des vêtements de flottaison individuel­s de bonne qualité suffirait à diminuer les risques d’accidents, ajoute M. Gaudreault.

EN GRANDE MAJORITÉ DES HOMMES

Neuf victimes sur 10 de tous les décès analysés (87 %) sont des hommes. C’est dans le groupe des 18 à 24 ans et des plus de 65 ans que le risque de décès est le plus élevé, mentionnen­t les auteurs, qui viennent du ministère de l’Éducation du Québec, de l’INSPQ, du Bureau du coroner et de l’Université Laval.

On sait que les jeunes ont souvent des comporteme­nts risqués, mais la surreprése­ntation des hommes âgés s’expliquera­it par leur temps de réaction plus lent et par la diminution de leurs aptitudes physiques, a indiqué l’un des auteurs, Claude Goulet.

Dans leur conclusion, les auteurs en appellent à plus de recherche sur les mesures de prévention, comme le casque de protection, ou les conséquenc­es de l’abus d’alcool dans les activités de loisir.

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