Le Journal de Montreal

L’antidote parfait à l’incivilité existe... et il est gratuit

- Politologu­e, auteure, chroniqueu­se politique

Hier, je vous parlais de la montée inquiétant­e de l’incivilité en politique, mais aussi dans nos propres vies quotidienn­es. Soit qu’on la subisse. Soit qu’on la fasse subir à d’autres. Soit qu’on fasse les deux.

Appelons ça l’impolitess­e « ordinaire » ou l’art d’ignorer l’autre quand il nous est « étranger ». Dans les commerces, les transports en commun, une salle d’attente ou d’autres lieux, ce sont de petites choses qui, à force de répétition, grugent et usent le coeur.

Du genre ne pas tenir la porte au suivant. Garder le nez collé sur un écran de téléphone. Jaser au cinéma comme si c’était son salon privé. Sortir malade et tousser sa vie dans le visage des autres.

S’impatiente­r sur la route. Bougonner à la moindre contrariét­é. Ne plus savoir dire bonjour, s’il vous plaît, merci ou pardonnez-moi. Tutoyer au lieu de vouvoyer. Etc.

SORTIR DE SA BULLE

Savoir parler et sourire aux « étrangers », comme on disait jadis, n’est-ce pas là pourtant l’antidote parfait à l’incivilité ambiante ? Et en plus, c’est gratuit.

Sortir de sa bulle. Délaisser son écran. S’intéresser à l’autre. Offrir un compliment. Dans la morosité actuelle, ça peut changer la journée de quelqu’un pour le mieux, voire sa semaine...

Je connais quelqu’un qui, dès qu’il met les pieds dans un commerce, ouvre la conversati­on avec d’autres clients, les employés, etc.

Au bout de quelques minutes, parce qu’il est curieux de leur vie, il en sait probableme­nt déjà plus sur eux qu’euxmêmes peuvent le soupçonner.

MAL DU SIÈCLE

La solitude est pourtant le mal du siècle. Après le tabagisme, c’est le nouveau danger, réel, à notre santé physique et mentale. Faudrait s’en rendre compte.

Quand j’étais enfant, ma mère, dont la vie était pourtant très dure, me disait qu’on ne sait jamais ce que les autres vivent eux aussi comme difficulté­s.

Dans des moments sombres, me disait-elle, un simple sourire et un beau bonjour offrent un vrai rayon de soleil. Aussi fugace soit-il. Ce qu’elle faisait d’ailleurs toujours elle-même, malgré ses propres épreuves...

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