Le Journal de Montreal

Le retour de Trump pourrait nuire à l’avenir de la compagnie Northvolt

Le fabricant de batteries suédois se prépare à toutes les éventualit­és possibles

- FRANCIS HALIN

« On a beaucoup analysé cette éventualit­é-là », a reconnu Paolo Cerruti, PDG de Northvolt Amérique du Nord, quand Le Journal lui a demandé s’il craignait de voir des milliards d’aide publique lui glisser entre les doigts si l’Inflation Reduction Act (IRA) tombait sous la présidence de Donald Trump.

Donald Trump, à CNBC, a déjà qualifié de « stupides » les aides de la filière électrique de Joe Biden, en plus de dire que les voitures électrique­s « ne vont pas loin » et « coûtent trop cher ».

En conférence de presse hier à Montréal, le PDG de Northvolt Amérique du Nord, Paolo Cerruti, n’a pas caché que l’éventuel retour de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis pourrait venir changer la donne.

« Il faut que l’on soit compétitif indépendam­ment de ces aides-là. C’est à nous d’être compétitif­s parce qu’en 2032, il n’y en [aura] plus », a martelé le numéro un de Northvolt ici.

En septembre dernier, le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, avait expliqué que les incitatifs à la production pour les batteries que Northvolt fabriquera et vendra pourraient atteindre les 4,6 G$, dont le tiers sera payé par Québec.

« Ce 4,6 G$ est très conditionn­el parce qu’il faut qu’ils construise­nt la bâtisse, qu’ils commencent la production et qu’ils vendent les batteries. Et tout cela tient juste si l’Inflation Reduction Act [IRA] est encore en place », avait-il précisé.

OBAMACARE

Alors que le retour de l’ex-président républicai­n Donald Trump ne peut pas être exclu, Northvolt, qui a subi une perte de 1,4 G$ pour les neuf premiers mois de 2023, pourrait-elle souffrir de voir tomber les aides liées à l’IRA du jour au lendemain ?

Pas si vite, estiment des experts consultés par Northvolt. En d’autres mots, il n’est pas si facile de tirer un trait sur de grands projets aux États-Unis, selon Paolo Cerruti, cofondateu­r de Northvolt, qui prévoit par ailleurs entrer en Bourse ces prochains mois.

« Trump voulait tuer Obamacare le premier jour où il était président. Il n’a pas réussi en quatre ans », a servi en guise d’exemple Paolo Cerruti.

MODE SÉDUCTION

Quand on lui demande si les contribuab­les québécois pourraient devoir remettre de l’argent, il répond sur le ton de l’humour.

« On peut toujours en demander, mais on ne l’aura pas », rétorque-t-il du tac au tac.

Plus tôt, mercredi en matinée, Northvolt avait convoqué les médias pour montrer, PowerPoint à l’appui, que son projet va bien, une semaine après avoir reçu un avis de non-conformité de Québec.

Ouverture du siège social, 7033 candidatur­es reçues, 138 M$ de contrats avec des fournisseu­rs québécois… l’entreprise suédoise a pris plusieurs heures pour dire que son projet allait bon train et qu’elle espérait rapidement obtenir sa douzaine d’autorisati­ons manquantes pour aller de l’avant avec son projet de mégausine de 7 G$ en sol québécois.

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CAPTURE D’ÉCRAN TVA NOUVELLES Un image du terrain où des travaux sont en cours pour l’installati­on de l’usine de batteries de Northvolt à Saint-Basile-le-Grand.

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